Près d'une année après avoir obtenu l'autorisation de tenir son congrès constitutif, l'Union démocratique et sociale (UDS) subit des entraves et des blocages politico-administratifs, l'empêchant de préparer ses assises. Son porte-parole, le député Karim Tabbou, a durement dénoncé, hier au cours d'une conférence de presse à Alger, les agissements des services du ministère de l'Intérieur qui «empêchent la tenue des assemblée générales, dans différentes wilayas, préalables à la tenue du congrès constitutif qui devrait intervenir avant le 17 août». En effet, les demandes introduites par les militants du parti au niveau de l'administration des wilayas de Mila, Béjaïa, Bouira, Tizi Ouzou et Bordj Bou Arréridj, pour tenir des assemblées générales, ont tout simplement essuyé «un refus non motivé». «Le directeur de la réglementation de l'administration générale de Bordj Bou Arréridj a carrément refusé de recevoir nos militants. A Bouira, on nous a refusé l'autorisation de tenir une assemblée générale au prétexte que notre parti n'existe pas», s'est indigné M. Tabbou. Ce dernier a pourtant assuré que sont parti a rempli toutes les conditions exigées par la loi, alors que «les services du ministère de l'Intérieur ne se réfèrent pas à la loi dans les refus qu'ils nous opposent». Le conférencier estime que derrière ces refus administratifs, se profile une volonté politique du pouvoir d'«empêcher l'émergence d'un parti politique porteur d'idées foncièrement démocratiques». Visiblement en colère, Karim Tabbou dénonce «le chantage de l'agrément de son parti par le pouvoir pour réussir ses tractations avec d'autres partis politiques». «Nous refusons que des arrangements politiques se fassent sur le dos de l'UDS», s'est-il insurgé. Il ainsi interpellé le ministère de l'Intérieur et le gouvernement «à respecter les lois de la République. Nous n'acceptons pas que la gestion du dossier de notre parti soit otage de calculs politiciens». M. Tabbou, qui s'est lancé dans une nouvelle aventure politique, en août 2013 avec ses camarades, en fondant l'Union démocratique et sociale, a rappelé avec vigueur le droit des Algériens à jouir de leurs droits politiques consacrés par la Constitution. «Nous revendiquons avec force notre droit à l'exercice politique garanti par la Constitution», martèle-t-il. Karim Tabbou se dit armé, ainsi que ses camarades, d'une «forte conviction pour défendre ses droits politiques». «Si le pouvoir refuse l'autorisation de la tenue du congrès de notre parti, nous allons nous battre, nous sommes des militants venus des terrains de luttes politiques et sociales. Nous allons saisir toutes les instances, nationales et internationales, pour faire respecter la loi», avertit-il. Evoquant le projet de révision de la Constitution et les «consultations» auxquelles a appelé la Présidence, le porte-parole de l'UDS n'a pas manqué de railler les propositions contenues dans la mouture envoyée aux partis politiques. «J'ai été sidéré de voir la pauvreté politique des amendements proposés en vue de la révision de la Constitution. C'est le texte le plus pauvre depuis l'histoire des sciences politiques», ricane-t-il. Karim Tabbou, qui dit ne pas avoir été convié à ces consultations, a ironisé sur certaines personnes invitées par Ahmed Ouyahia : «Finalement le plus grand crime dans notre pays est d'avoir des idées politiques sérieuses, parce que des responsables de la tragédie nationale sont conviés à la Présidence pour être consulté sur la révision de la Constitution.» Cependant, l'ancien dirigeant du FFS a loué l'initiative prise par des partis politiques de l'opposition sous la bannière «Pour la transition démocratique», avec qui il a des contacts : «Nous avons été contactés par les animateurs de cette coordination, que nous saluons au passage parce qu'elle vise à instaurer un débat politique dans la perspective d'un changement démocratique et pacifique.» Karim Tabbou pourrait éventuellement prendre part à la conférence nationale pour la transition.