L'année 2019 commence mal pour le football national. Avant-hier, au premier jour de l'année donc, le stade Chahid Hocine Rouibah de Jijel a vécu, lors de la rencontre des 16es de finale de la coupe d'Algérie, opposant le CR Village Moussa (division amateur) au Mouloudia d'Alger, des scènes de violence ayant entraîné l'arrêt de la partie durant le temps additionnel de la première mi-temps, alors que le MCA menait par 3 buts à 0. Les échauffourées entre des supporters de ce club et les éléments des services de sécurité se sont poursuivies à l'extérieur du stade. La Protection civile a dénombré 62 personnes blessées, dont 45 policiers. La rencontre en question a été interrompue une première fois pendant 13 minutes à la suite de la blessure d'un joueur mouloudéen, en l'occurrence Bendebka, avant d'être définitivement arrêtée par l'arbitre Bouzrar lorsque les jets de pierre ont repris. Ces incidents ne sont pas les premiers de ce tour de la coupe d'Algérie. La veille, au dernier jour de l'année 2018, les environs du stade de Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, qui a abrité le match IB Lakhdaria-CD Constantine, a connu aussi des scènes de violence. Le bilan fait état de 33 personnes blessées, dont 17 policiers. Deux d'entre eux seraient apparemment dans un état grave. Des dizaines de véhicules stationnés dans le parking du stade ont été vandalisés. La commission de discipline devra se prononcer sur ces deux affaires aujourd'hui. Les clubs de Village Moussa et de Lakhdaria seront certainement sanctionnés. Mais cela ne risque pas de dissuader les éventuels futurs «fauteurs de troubles». Les parties ayant en charge la chose footballistique en Algérie (MJS, FAF, LFP…) n'arrivent pas à endiguer un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur. Lors de la phase aller, plusieurs rencontres des Ligues 1 et 2 ont été marquées par des incidents violents. On peut citer, à ce titre, les matchs ESS-JSK, MOB-JSS, CABBA-ASM mais surtout CABBA-MCA, où des supporters s'en sont pris aux joueurs mouloudéens sur le terrain. Dans les divisions amateurs, loin des caméras des télévisions donc, la situation est parfois pire. La saison passée, en décembre 2017, un supporter a trouvé la mort lors d'affrontements en marge d'un match (Aïn Touila-Aïn Kbira) de la division honneur de la wilaya de Sétif. Si la phase aller du championnat, où les enjeux sont moindres, a connu plusieurs scènes de violence, qu'en sera-t-il lors de la phase retour, lorsqu'il sera question de relégation ? Les réponses apportées jusque-là par les instances footballistiques sont sans effet. La FAF a pris des mesures qui seront appliquées dès la saison prochaine. Il s'agit, entre autres, de la nécessité de mise sur pied de comités de supporters et de l'installation d'une surveillance vidéo dans tous les stades. Cela suffira-t-il ? Peu probable, dans la mesure où la lutte contre la violence dans les stades ne peut être menée par les instances footballistiques uniquement. Le phénomène dépasse largement la sphère sportive.