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Mohamed Abed Khouidmi. Urgentiste algérien, revenu de l'hôpital El Shifa de Ghaza : L'Egypte n'a pas voulu me donner un autre visa Etouffés par le blocus
« La communauté internationale a trahi la population de Gahza en ne parvenant pas à traduire ses paroles en actes pour mettre un terme au blocus de Ghaza qui empêche la reconstruction. » Mardi dernier, 16 ONG dont Amnesty International France, Oxfam International ou Medical Aid for Palestinians ont publié un rapport sans concession : Abandon de Ghaza, aucune reconstruction, aucune réparation, plus d'excuses. En cause notamment : le blocus mis en place en 2007 par le gouvernement israélien suite à la prise de pouvoir du Hamas à Ghaza. En janvier dernier, vous êtes parti à Ghaza avec le Croissant-Rouge algérien, en collaboration avec la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Cette mission était-elle conjoncturelle ou s'inscrit-elle dans la durée ? La mission était prévue avant même l'agression israélienne - puisque nous devions apporter de l'aide humanitaire - et continue encore aujourd'hui. Mais nous avons beaucoup de difficultés pour franchir la Bande de Ghaza. Pour les médicaments et autres équipements médicaux, l'attente aux terminaux est infernale car la plupart ne sont pas ouverts tous les jours de la semaine. Les médecins, eux, arrivent très difficilement à passer. En quittant Ghaza, pensiez-vous revenir ? Je n'ai quitté l'hôpital El Shifa que parce que la fédération internationale de la Croix-Rouge m'a sollicité pour diriger les opérations de secours entre Al Arish, en Egypte, à 40 kilomètres du terminal de Rafah, et la Bande de Ghaza. C'est là que nous recevions toutes les aides humanitaires internationales. Après huit jours, je suis rentré en Algérie en pensant revenir à Ghaza avec des spécialistes algériens pour former des personnels médicaux, paramédicaux et secouristes. Mais l'Egypte ne m'a pas accordé de nouveau visa. Tout le monde l'a eu, sauf moi ! Même si le refus n'a pas été motivé, je sais bien quelle en est la raison. Aujourd'hui encore, je reçois des invitations d'organisations humanitaires et de responsables politiques palestiniens, mais je sais d'avance que l'Egypte me refusera le visa. Quelles sont les maladies consécutives à l'opération Plomb Durci auxquelles sont confrontées aujourd'hui les Ghazaouis ? De nombreux blessés amputés ont maintenant besoin de réparation orthopédique. Nous sommes en contact permanent avec nos confrères palestiniens mais, comme je le disais, le Comité international de la Croix-Rouge a beaucoup de mal à faire entrer des prothèses dans la Bande de Ghaza. On imagine aussi que les Ghazaouis manquent de soutien psychologique… Les premiers jours de l'attaque israélienne, des psychologues algériens sont rentrés par le terminal de Rafah. Mais ils ont dû repartir plus tôt que prévu et n'ont pas pu terminer convenablement leur travail. Ceci dit, lorsque je suis allé à Ghaza, j'ai été très impressionné par la force des Palestiniens, adultes comme enfants, hommes et femmes. Ils sont très solides. Les produits chimiques ont-ils laissé des séquelles ? C'est probable. Des études confidentielles sont en cours. On a noté les brûlures, mais on ne connaît pas les retombées de l'inhalation sur les poumons ou sur d'autres organes. Or, la population palestinienne comme les équipes médicales ont respiré des produits chimiques. Je fais moi-même partie de l'étude et à ce titre, je fais des examens tous les six mois. Avec d'autres médecins, vous aviez demandé au Comité international de la Croix-Rouge et aux Nations unies de dépêcher une commission d'enquête sur l'utilisation de produits chimiques par Israël. Vous devez donc être satisfait de l'adoption du rapport Goldstone… Oui. Nous avons présenté des preuves et les Nations unies ont reconnu qu'il y avait eu crimes de guerre. Nous attendons que des mandats d'arrêt soient lancés contre les responsables israéliens. Si les gouvernements n'interviennent pas, s'ils laissent faire la justice, alors nous avons espoir que ces responsables seront poursuivis.