Le chef de file de la dissidence chinoise, Liu Xiaobo, a été condamné hier à 11 ans de prison, plus d'un an après avoir appelé à la démocratisation de la Chine, signe d'un durcissement politique pour les militants des droits de l'Homme. Liu, 53 ans, un écrivain et ancien professeur d'université qui avait déjà connu la prison après la répression du mouvement démocratique de Tiananmen, s'est également vu privé de ses « droits politiques pendant deux ans », ont indiqué ses avocats. En 2007, Hu Jia avait ainsi été arrêté un 27 décembre, puis accusé de subversion avant d'être condamné. L'appel peut être déposé dans un délai de dix jours à partir de samedi, a précisé l'un de ses avocats, Ding Xikui. Liu avait comparu mercredi, deux heures et demie durant, pour « subversion du pouvoir de l'Etat » après avoir été l'un des auteurs de la « Charte 08 », un texte réclamant une Chine démocratique. Cité par l'agence officielle Chine Nouvelle, le tribunal a affirmé « avoir suivi strictement la procédure judiciaire dans cette affaire et protégé pleinement les droits à la défense de Liu ». Les journalistes et diplomates étrangers n'ont pas pu assister au procès, ni à la lecture du verdict hier. Les associations des droits de l'Homme ont dénoncé une peine très lourde. « C'est une peine très très sévère, qui reflète aussi un durcissement politique, que nous avons observé depuis la préparation des Jeux olympiques », a estimé Nicholas Bequelin, chercheur à la division Asie de l'organisation Human Rights Watch, basé à Hong Kong. L'ONG Amnesty International s'est déclarée « extrêmement inquiète pour les autres signataires de la ''Charte 08'' et pour la liberté d'expression en Chine ». Selon l'organisation, la Chine a condamné, depuis 2003, plus de 35 personnes « sous l'accusation vague d'« incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat ». « Parmi ces condamnations, celle de Liu Xiaobo est la plus longue depuis 2003 », a souligné Amnesty. Premier pays occidental à réagir, les Etats-Unis ont fait part de leur inquiétude, estimant que « la persécution d'individus pour l'expression pacifique d'idées politiques est incompatible avec les normes des droits de l'Homme reconnues internationalement ». Washington a de nouveau appelé à la libération du dissident, qui « a œuvré pacifiquement à l'établissement d'un processus démocratique en Chine ». Jeudi, Pékin avait dénoncé les « ingérences grossières » de certains pays étrangers après le procès de Liu, demandant le respect de la « souveraineté judiciaire chinoise ». Le verdict a été prononcé le jour de Noël, une période festive en Occident souvent mise à profit par les autorités chinoises, selon les militants des droits de l'Homme, pour régler les cas des dissidents.