Il serait naïf de continuer à percevoir le PT comme un parti étranger à l'Alliance présidentielle. La déclaration dans laquelle le secrétaire général du FLN menace presque le RND de représailles après l'alliance que celui-ci a contractée avec le Parti des travailleurs (PT) prête à sourire. En réalité, Abdelaziz Belkhadem en veut à Ahmed Ouyahia non pas pour avoir négocié et passé un contrat politique avec un parti qui n'est pas membre de l'Alliance présidentielle, mais plutôt pour avoir réussi à « retourner » Louisa Hanoune. Nul n'ignore, en effet, que le parti de Louisa Hanoune a toujours préféré travailler avec le FLN avant de revoir radicalement, il y a peu, sa ligne de conduite. Les critiques aujourd'hui faites par le FLN auraient pu être formulées en 2006 par le RND lorsque justement le « vieux front » n'avait pas hésité à passer un deal avec le PT pour s'assurer une large victoire lors d'élections sénatoriales. Donc, l'opinion peut aisément comprendre que l'Alliance présidentielle passe parfois, aux yeux du FLN, du RND et du MSP, au second plan. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils peuvent se passer d'une telle structure. Il est difficile de compter les fois où le FLN et le RND se sont chamaillés et se sont réconciliés tout de suite après. Comme si de rien n'était. C'est que, fondamentalement, l'Alliance présidentielle symbolise la vitrine du système. Et il n'est permis à personne de jouer avec les équilibres internes du pouvoir. Ça, le FLN le sait très bien. Tout autant que le RND et le MSP d'ailleurs ! Sans l'Alliance présidentielle, il aurait été d'ailleurs impensable que le FLN soit encore au pouvoir aujourd'hui. On voit mal aujourd'hui le FLN scier la branche sur laquelle il est présentement assis. Quand Abdelaziz Belkhadem jure d'un ton menaçant de reparler, un jour, de « l'alliance contre nature » contractée par le RND, il faudrait juste y voir un des éléments d'un discours destiné à la consommation interne fait dans le but de calmer des militants plus que las des ratés de l'actuelle direction du FLN. Sur un autre plan, il serait naïf de continuer à percevoir le PT comme un parti étranger à l'Alliance présidentielle. Même s'il n'en fait pas organiquement partie, le PT a été, durant ces 5 dernières années au moins, le partenaire politique le plus important du pouvoir. Lorsqu'on sait cela, est-il vraiment utile de savoir avec qui, du FLN ou du RND, le PT a le plus d'affinités ? Peut-être pas dans l'immédiat. Mais il est vrai qu'en politique, il ne saurait y avoir de hasard. Le recentrage opéré par le Parti des travailleurs ne saurait aller, en effet, sans susciter quelques interrogations. Qu'est-ce qui a fait que Louisa Hanoune — qui a de tout temps dénoncé les choix politiques d'Ahmed Ouyahia — ait décidé, comme ça, du jour au lendemain, de s'allier avec le RND ? Le discours servi par les responsables du PT reprenant grosso modo l'idée selon laquelle Louisa Hanoune et Ahmed Ouyahia ont « une perception commune des intérêts suprêmes de la nation » élargit à coup sûr le champ des hypothèses et des possibilités. Mais cela ne reste que des possibilités. Louisa Hanoune a d'ailleurs déjà eu, au mois d'avril dernier, à apprendre la leçon à ses dépens.