Ils ont la possibilité d'accéder à tout moment aux différentes ressources grâce à la plateforme d'enseignement à distance. Une transformation profonde du monde de l'enseignement dans ses méthodes comme dans son organisation s'annonce. orsqu'il s'agit d'entreprendre des études, le plus grand nombre des apprenants pense immédiatement aux établissements et organismes d'enseignement, probablement incontournables. Ils s'y voient assis dans une classe en présence d'un enseignant. Cependant, pour mille et une raisons, l'étudiant ne peut pas ou ne souhaite pas joindre l'université. Doit-il, de ce fait, abandonner tout projet d'études ? Pas nécessairement ! Il existe en effet une solution de rechange à l'enseignement magistral (traditionnel). Cette solution — relativement nouvelle — est la formation à distance à partir d'une plateforme ou le «e-learning». Le Centre de recherche sur l'information scientifique et technique (Cerist) a élaboré dès 2001 une plateforme d'enseignement à distance (e-learning) baptisée «El Manhal». Mais que cachent les mots magiques «e-learning», «e-formation» ou la formation à distance ? Cette forme d'enseignement est-elle pour l'apprenant un nouveau moyen d'acquisition des compétences ? C'est ce que tente de nous expliquer, un membre de l'équipe de recherche au Cerist et conceptrice de la plateforme «El Manhal». «Ce nouveau système d'enseignement est une plateforme logicielle de formation à distance qui intègre un ensemble d'outils pour les différents acteurs de l'enseignement. Ces outils ciblent tout à la fois la formation, l'enseignant, l'étudiant et le tuteur», déclare-t-elle. Contrairement à l'enseignement magistral (traditionnel) où l'enseignant est l'acteur central dans la transmission des savoirs, la formation à travers une plateforme, elle, constitue un modèle différent de la diffusion des connaissances. «L'enseignement à distance se veut un paradigme ‘‘constructiviste''. C'est-à-dire que la formation tourne autour de l'apprenant et non pas autour de l'enseignant qui joue dans ce cas le rôle d' ‘‘enseignant-accompagnateur''», précise la chercheure. Ainsi, la volonté de créer cette forme de formation n'est pas axée sur la distribution des cours en ligne à l'apprenant, mais plutôt sur la proposition des ressources pédagogiques en termes de connaissances et de méthodologies. S'agissant de l'objectif d'El Manhal, les initiateurs expliquent que le but de sa création est de réduire de manière considérable à la fois l'effort logistique et les dépenses relatives à une session d'enseignement. Les contraintes deviennent donc mineures. «L'enseignement à distance à partir d'une plateforme aide des personnes résidant loin des établissements ou celles qui sont dans l'impossibilité de s'y inscrire à accéder aux cours en ligne. Ce nouveau système leur permet de parvenir aux informations simplement de chez eux ou de leur lieu de travail selon leur rythme. C'est une véritable économie de temps et de l'argent», prône-t-elle. Formation interactive et efficace L'élaboration de la plateforme d'enseignement à distance vise essentiellement à améliorer certains aspects de l'apprentissage ou à en faciliter l'accès. Mais comment fonctionne ce nouveau dispositif ? Pour utiliser El Manhal, l'apprenant n'a besoin que d'un simple PC connecté à Internet et d'un navigateur pour suivre sa formation. La session peut avoir lieu n'importe où et n'importe quand, c'est une aubaine pour, entre autres, les personnes aux besoins spécifiques. Chacun est désormais libre d'avancer à son rythme. Bebbouchi Dalila, ingénieur principal à la recherche au Cerist et professeur de la post-graduation spécialisée en information scientifique et technique PGS/IST dispensée en ligne, nous fait part de son expérience sur El Manhal. «L'utilisation de la plateforme est vraiment simple et facile. Certains apprenants adhèrent à ce type d'apprentissage. De mon côté, l'enseignement à distance me permet de donner des cours sur des outils interactifs et attractifs ainsi qu'un bon suivi des apprenants depuis la plateforme», affirme l'enseignante. «Cette forme d'enseignement n'a pas besoin de salles de classe. C'est un processus d'apprentissage dans lequel il n'y a pas de présence physique du professeur. Tout se passe en virtuel», ajoute-t-elle. La e-formation peut se faire en deux types d'apprentissages : apprentissage synchrone et asynchrone. «L'apprentissage est synchrone si l'apprenant suit à distance un cours qui a lieu au même moment, c'est-à-dire en temps réel, ou participe à un ‘‘chat'' dont l'objet est d'approfondir les notions à acquérir ; on parle dans ce cas d'une classe virtuelle. Par ailleurs, l'apprentissage est asynchrone si l'apprenant peut accéder à des cours ou à des ressources pédagogiques au moment qui lui convient, compte tenu des ses contraintes d'emploi du temps ou de son emplacement», précise-t-on. La formation à distance, à l'inverse de la formation traditionnelle, nécessite la présence d'un tuteur pour chaque petit groupe d'apprenants. Selon Mme Bebbouchi, la présence de tuteur garantit évidemment l'assiduité et le suivi régulier des apprenants. Le danger dans ce type d'enseignement c'est l'absentéisme. La perte du contact humain favorise le problème de manque d'assiduité qui conduit l'étudiant immédiatement à l'abandon. «L'approche constructiviste et collaborative dans l'enseignement à distance est fortement préconisée afin d'éviter l'isolement des étudiants», développe-t-elle. «L'apprenant trouve à travers la plateforme des ressources pédagogiques. Il convient de préciser que l'étudiant dans cette forme d'enseignement est le seul responsable de son parcours d'acquisition des connaissances. La mission de l'enseignant est d'évaluer cet apprentissage et pas de le dispenser», insiste les initiateurs. Mode d'emploi de la e-formation Mme Bebbouchi explique minutieusement les règles qu'impose le système d'enseignement à distance. Bien qu'il soit facile et simple à suivre, il impose certaines règles. «Chaque utilisateur, que ce soit l'apprenant ou l'enseignant, doit tenir confidentielle son authentification et ne doit en aucun cas la divulguer à quiconque afin de sécuriser son compte. Il est responsable de toutes les utilisations de son propre compte», explique la professeure. D'autre part, Mme Bebbouchi indique que par chaque espace de cours en ligne, l'utilisateur dispose d'une série d'outils qui lui donnent accès aux différents services comme : le descriptif du cours, les différents documents dans tous les formats (texte, Pdf , Html, vidéos..), les forums de discussion publics ou privés (discussion en asynchrone), les chats (discussion en synchrone), les parcours pédagogiques, les exercices, l'agenda avec des tâches et des échéances, les travaux à rendre en ligne ainsi que les groupes de participants. «Il faut dire par ailleurs que pour pouvoir utiliser la plateforme et suivre la formation, les utilisateurs doivent au minimum maîtriser les outils informatiques et internet», souligne-t-elle. Réticence par rapport à la e-formation D'après Hassina Aliane, toutes les universités sont équipées des plate-formes d'enseignement à distance. «Le Cerist a doté tous les établissements universitaires de ce nouveau modèle d'enseignement. Mais, il reste à dire que l'université est souveraine dans la prise de décision pour ce qui est de l'utilisation de la plate-forme», affirme-t-elle en ajoutant que la gestion de l'enseignement à distance, en l'occurrence El Manhal dans l'enceinte universitaire, est pour l'instant une tâche complexe et certains enseignants continuent à favoriser l'enseignement présentiel en raison de leur inaptitude et leur réticence face aux nouvelles technologies. Enfin, malgré l'émergence de la e-formation en Algérie, certains universitaires l'ignorent et la marginalisent étant donné qu'elle n'est pas le mode enseignement prédominant. Or, il convient de rappeler que ce modèle d'enseignement ne peut survivre que lorsque l'enseignement traditionnel (présentiel) soit lui-même en bonne santé.
