Les Caspiens supérieurs y ont laissé quelques traces, mais c'est surtout le Néolithique qui s'est installé par son importante occupation. Ensuite, les Paléoberbères ont investi les lieux au cours du premier millénaire (av. J-C) et ont édifié des monuments mégalithiques. Tel a été le début du commencement de la Cité.L'antique Cirta, capitale des rois numides, fût édifié dès le IIIe siècle (av. J-C). Mais peut-être bien avant, car certains historiens ont évalué le dépôt de la première pierre du fameux Mausolée Medracen (Imedghassen) au IVe siècle (av. J-C). Situé aux portes des Aurès à Batna et identifié par la thèse la plus plausible étant le Tombeau d'un roi numide. La légende orale relate que la reine Dihya (La Kahina) venait souvent à cet endroit pour se recueillir car le roi Medghassen étant l'ancêtre des Zénètes (Izenaten) était indirectement celui de la Kahina. Dans tous les cas d'études et de cette approche d'Ibn Khaldoun, la présence ancestrale des Berbères est confortée. Revenons à Cirta l'antique et à ses rois numides, qui lui permirent de se fortifier et de devenir un carrefour commercial de par sa situation fixée sur son roc et protégée par ses murailles agressives. Elle est alors la capitale du roi Syphax, avant que Massinissa et ses successeurs y soit intronisés au lendemain de la deuxième guerre punique. Ce qui marqua profondément cette période, c'est l'incontestable règne de Massinissa qui permit l'agrandissement de la Cité et l'unification de l'empire. Le nombre grandissant de ses habitants propulsa la production et l'exportation de céréales et la cité deviendra plus tard le grenier de la Rome antique. En dehors des hauteurs frôlant le toit du monde, la ville s'étend ensuite au sud-ouest sur la rive gauche du Rhumel, les vestiges tels que les inscriptions, les tombes, les fondations d'édifices, les îlots de demeures et les ustensiles domestiques l'attestent incontestablement. Après la mort de Massinissa, Cirta devient un énorme enjeu. Jugurtha et son frère adoptif Adherbal se livre une effroyable lutte dictée par les Romains. Par la suite, au lendemain du décès d'Adherbal, le massacre des Romains enclenche le début d'une terrible guerre entre Numides et Romains. Il est relaté par des historiens que la plaine de Ras El Akba (Guelma), abrita la plus grande bataille qui eut raison de Jugurtha. Durant la récurrence des conflits, Cirta change de main plusieurs fois et la défaite de Juba Ier permit à César d'ériger la partie orientale du royaume en une principauté qui prit le nom de Colonia Cirta Sittianorum. Elle s'érige ensuite en confédération cirtéenne avec un vaste territoire et un statut particulier, puis devient la capitale provinciale de la Numidie cirtéenne. La spiritualité chrétienne fut si vive à Constantine que la colère de l'empereur Valérien s'abattit sur elle. Brutalement, aux alentours de 260, éclate contre les Chrétiens la plus brutale des persécutions. En fait, il s'agit-là de la seule mesure historiquement avérée de répression générale prise par les Romains contre les tenants de la nouvelle Foi. Il n'y a qu'à faire un tour au pied du rocher des Martyrs à l'entrée des gorges du Rhumel pour le constater. Une inscription latine datant du IIIe siècle rappelle le martyre de Saint-Marien et Saint-Jacques au pied de ce dernier. Assiégée en 308, puis dévastée en 311 par Domitius Alexander, la Cité est restaurée et embellie par Constantin qui la baptise Constantina. Elle brille alors de tout son éclat pendant plusieurs siècles en capitale civile unique de la nouvelle Numidie impériale, sous l'orgueilleux nom de Numidia Constantina. Survient quelques siècle plus tard la conquête arabo-musulmane, nous sommes au VIIe siècle, Abu Al-Muhajir Dinar, esclave de Maslama ibn Mukhallad, compagnon du prophète (QSSSL), dévaste la totalité de la ville et impose son contrôle. Il est peu de temps après nommé émir des forces omeyyades en Ifriqiya par Maslama calife omeyyade, au détriment de Okba ibn Nafi Al Fihri, membre de la Banu Quraish. La déférence conseillée par Maslama aux fins de soulager Okba de son poste n'eut pas lieu, survint alors la mise au cachot de ce dernier qui sera libéré que lorsque le calife demanda à le voir. Okba se promet alors de traiter Abu Al Muhajir Dinar comme il l'avait été. Deux versions historiques supposent que suite à cela Abu Al Muhajir Dinar s'établissait à l'Ouest de Mila (Algérie) pour la première, et capturé à Tlemcen (Algérie) pour la seconde version. Okba, fort de sa réhabilitation, s'établit avec son armée dans une plaine, à quelques encablures de la côte tenue par les Byzantins et loin des montagnes, bastion de la résistance ancestrale amazighe. Ce lieu choisi en camp avancé pour une confrontation annoncée entre Byzantins et musulmans donne naissance à la fameuse Kairouan (Tunisie). La première Grande mosquée de l'islam au Maghreb fut alors édifiée juste à côté du siège du Gouverneur. Ensuite, avec le soutien de quelques tribus berbères acquises, il mène un raid contre Tanger (Maroc) où il sera vaincu. Il meurt près de Biskra (Algérie) avec trois cents cavaliers lors d'une impitoyable embuscade tendue par les Berbères et les Byzantins. Ibn Khaldoun attribua ce massacre à la mystérieuse Kahena qui ordonna la mort d'Okba Ibn Nafi Al Fihri. Son tombeau se trouve au centre de l'agglomération qui porte son nom, Sidi Okba à Biskra, en Algérie. La ville du rocher et sa région passent ensuite sous le contrôle des Aghlabides, puis des Fatimides, jusqu'au XIe siècle. Au XIIe siècle, une dynastie originaire de Béjaïa s'en empare pour quelque temps, emportée à son tour par la mouvance de Tunis, sous une autre dynastie, celle des Hafsides. A partir du XIVe siècle, l'ottomanisme s'y installe sous une domination turque. Les partisans des Hafsides massacrent les Turcs et les expulsent. Intervient alors le pacha Mohammed à la tête d'une expédition contre Constantine, la Cité n'ose pas résister, ouvre ses portes sans combattre et les Abd El Moumène, chefs des Hafsides, sont définitivement vaincus par les Ouled Bencheikh au titre prestigieux de cheikh el-islam. Intronisé Emir Er-Rekeb, Sidi Abd El Kerim Bencheikh fait alliance avec les Turcs et érige au XVIe siècle Constantine Capitale du Beylik de l'Est. Après la mort de Abd El Kerim aux alentours de 1580, les Bencheikh gardent jalousement leur influence et privilèges jusqu'à la fin du règne turc. Parmi les innombrables intronisations du Beylik, Salah Bey est le plus populaire de l'époque ottomane. Il régna à Constantine de 1771 à 1791 et avait entrepris une série de grands chantiers pour embellir la Cité. C'est ainsi qu'il fonda sur les hauteurs de la médina la Medersa d'El-Kettania et plusieurs autres ouvrages en 1775. Ce lieu était et demeure un symbole avec un cachet particulier et témoigne d'un passé riche et mouvementé de la Cité majestueuse. Le dernier bey, El Hadj Ahmed, construisit plus tard un palais dont le faste rayonne encore. Organisés autour de jardins paradisiaques, les étages et les salons du palais révèlent quelques confidences suggestives sur la vie du Bey. Si attaché à sa ville, Ahmed Bey opposa aux Français une farouche résistance. Constantine ayant cédé lors du deuxième siège en 1837, Ahmed Bey prit le maquis dans les Aurès, résista pendant onze années avant de se soumettre. Du haut de son rocher, Constantine, hautaine de par sa situation naturelle, donne l'impression quand on l'aborde d'une implacable certitude d'invulnérabilité, surplombant le reste du monde. Mais, lorsque l'on se fond dans ses ruelles ancestrales, l'appréhension disparaît pour laisser place à sa légendaire générosité. La vieille cité implantée sur le roc contourné par le Rhumel s'est développée pendant la colonie française sur la colline du Coudiat, puis vers l'est et l'ouest, édifiant paradoxalement le résidentiel et le misérable. Cependant, personne ne peut résister à son charme fou. Envoûtante de par sa prestigieuse dimension qui lui a jadis conféré une notoriété universelle, Constantine a toujours murmuré sa tendresse et a très tôt enveloppé ses enfants dans son affection éternelle. Malgré les invasions dévastatrices subies au début de son commencement, suivies par l'inexorable exode rural de notre éphémère présent, Constantine, tel un phénix doué de longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître de ses cendres, incarne à elle seule la beauté d'une Cité du savoir pour les romanciers qui savent observer son terroir.