Notre sociologue qui s'est penché, à travers ses écrits, sur ce phénomène et du rôle des élites dans la gestion des affaires publiques, note que l'ancien wali n'a pas pris de gants pour dénoncer les travers et les dépassements en appuyant «là où ça fait mal», même si cela agace les décideurs tapis dans l'ombre et autres apprentis sorciers. «C'est un véritable réquisitoire contre l'incurie, mais aussi un florilège de propositions positives qui redonnent une meilleure crédibilité au rôle de ce haut cadre de l'Etat au sein du système administratif, politique, en ce sens qu'il est un des outils de l'Etat les plus influents et son représentant au niveau de la wilaya. Des prérogatives plus larges pour les élus et toute réforme administrative et politique de l'Etat passent inexorablement par la position du wali, au service du citoyen et du développement, en tant que serviteur de l'Etat, et de l'Etat seulement», commente Nacer Djabi. L'auteur Bachir Frik prévient d'entrée : «Le lecteur ne trouvera pas dans cet ouvrage une étude académique autour du rôle du wali en Algérie, bien qu'il nous ait agrémenté d'un panorama historique et juridique de la place du wali en Algérie, de la colonisation à l'indépendance». Frik s'est appesanti sur l'historique de la gestion des walis au cours des mandats des hommes qui ont eu à présider aux destinées de l'Algérie depuis des décades. Dans ce livre de 280 pages, Frik jette un regard dans le rétroviseur pour évoquer la portée historique du rôle du wali en Algérie et ses rapports avec les différentes instances. Le pouvoir de ce commis de l'Etat est aussi mis en évidence ainsi que sa posture peu enviable entre les convoitises des uns et des autres. Fidèle à ses convictions, Frik évoque les rapports parfois tendus entre les walis et les structures centrales du gouvernement, dont le ministère de l'Intérieur. La société dite civile est aussi évoquée, bien que son rôle soit secondaire. En conclusion de son livre, l'ancien wali, qui a dénoncé vigoureusement et avec courage, à la télévision, les pratiques peu orthodoxes employées lors des élections passées, en appelle à un sursaut salvateur à travers une vision moins restrictive. Au profit de la communauté tout entière et non pas au bénéfice d'appétits partisans ou des groupes d'influence politiques et financiers.