Bachir Frik, ayant à plusieurs reprises occupé le poste de président de l'APW, explique que les walis devraient être au service de l'Etat, et par conséquent des citoyens et de leur développement. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas en Algérie puisqu'il y a des walis qui sont au service des groupes de pression, des groupes politiques et même au service de certaines personnes. «Ces pratiques ont toujours existé et leur bannissement n'est pas pour demain ; avant, les walis étaient également aux ordres des généraux, il y a aussi des walis au service de leurs propres intérêts, seulement il ne faut pas généraliser parce qu'il y a effectivement des walis honnêtes», lâche Frik, persuadé que les nouveaux walis fraîchement installés dans leurs fonctions ont tous été choisis par le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, et la plupart étaient issus de la même promotion que lui et d'autres étaient ses anciens collègues au niveau de l'administration locale. Un mouvement dans le corps des walis, selon Frik, est une tradition annuelle ; toutefois, ce qui n'est pas correct, c'est le fait qu'il n'y a pas une évaluation du travail des walis remerciés. L'ancien wali reconnaît que même pour rendre des comptes, les walis sont perdus. Un wali est un wali de la République, dit-il, et non du ministère de l'Intérieur, et du point de vue juridique, il doit rendre des comptes au gouvernement et à tous les ministères parce que le wali est le prolongement du pouvoir central dans tous les domaines. «Chez nous, malheureusement, le wali rend compte au Premier ministre et au ministre de l'Intérieur et parfois à la Présidence, ce n'est pas logique», confesse Frik. Pour ce dernier, le wali a théoriquement beaucoup de pouvoirs et de prérogatives, mais dans la réalité, il n'en est rien. Le wali rencontre une série de contraintes et de blocages pénalisant notamment le développement économique de sa wilaya. «On exige du wali de booster l'économie et le développement de sa région. Le wali propose, demande, mais il n'a aucun pouvoir décisionnaire. S'il demande une ligne électrique à Sonelgaz, il ne reçoit aucune réponse, ou alors un niet, de même pour les agréments. Il faut libérer le wali de ces contraintes», note Frik. Pour notre interlocuteur, ces anomalies sont dues essentiellement au système de centralisation. Les prérogatives des walis sont des prérogatives centralisées et Frik plaide pour la régionalisation qui est, pour lui, un modèle administratif idéal pour notre pays. Ce n'est qu'à ce moment, d'après lui, que l'on distinguera le bon et le mauvais wali. Un wali doit s'ériger en chef de chantier, il doit occuper systématiquement le terrain et suivre l'état d'avancement de l'ensemble des chantiers. «Un wali qui passe son temps dans son bureau et attend les comptes rendus du directeur exécutif est un mauvais wali. Le wali assure la pérennité de l'Etat et exécute les missions de l'Etat. Il a des prérogatives en matière de développement local, comme la préparation de la rentrée scolaire, la saison estivale, le déclenchement du plan orsec», affirme Frik. S'agissant des secrétaires généraux de wilaya, Frik pense qu'ils jouent un rôle très important et sont la pierre angulaire de la wilaya, mais pour ce qui est des walis délégués, Frik les qualifie d'entités bureaucratiques complètement inutiles, notamment en cette conjoncture difficile.