La question de la liberté de culte refait surface à la faveur de « l'empêchement » de citoyens de confession chrétienne, membres de la communauté Tafat de Tizi Ouzou, par un groupe d'individus, d'accomplir leur culte hebdomadaire, samedi passé. S'agit-il d'un acte isolé ou sommes-nous en train d'assister à un nouveau type de conflit au sein de la société, cette fois interreligieux ? D'autant plus que le pasteur a accusé « les islamistes d'être à l'origine de cette décente ». Au ministère des Affaires religieuses, institution qui veille normalement au respect de la pratique religieuse et de la liberté de culte, les responsables ne semblent pas trop affolés par « l'incident » de Tizi Ouzou. Le porte-parole du département des affaires religieuses, Adda Fellaha, a tenté d'expliquer ce qui s'est passé par le fait que « la célébration de Noël coïncide avec deux fêtes religieuses musulmanes, le Mawlid Ennabaoui et l'Achoura. A mon avis, c'est cela qui a tendu un peu le climat entre les deux communautés ». Adda Fellahi ne souhaite pas « surdimensionner » l'affaire, tout en insistant sur « la nécessité de faire respecter la réglementation en vigueur. La loi est claire à ce sujet. Le rite religieux doit s'exercer dans un cadre réglementé. Un lieu de culte qui ne détient pas une autorisation délivrée par le ministère des Affaires religieuses est non officiellement reconnu comme tel ». « C'est le cas pour ce lieu où devait se rendre les chrétiens de Tizi Ouzou pour accomplir leur rite », a ajouté M. Fellahi. Ce dernier se défend de toute volonté d'interdire aux Algériens non musulmans d'exercer librement la religion de leur choix. « Nous sommes pour une liberté de culte, à condition qu'elle se fasse dans le cadre défini par la loi. Cela s'applique également pour ce qui est de la religion musulmane », a tenu à préciser le responsable du ministère. Cependant, au ministère, on redoute fort les campagnes d'évangélisation, non seulement en Kabylie mais à travers le territoire national. Que faire pour sortir du « christianisme des caves » et éviter d'éventuelles guéguerres entre différentes pratiques religieuses ? À cela, le département de Abdellah Ghlamallah répond : « Le ministère des Affaires religieuses n'est pas contre la construction des églises. Cela peut se faire, mais sous conditions. Il faut qu'il y ait un nombre assez conséquent de chrétiens pour pouvoir leur construire une église. Bien évidement, on ne le fait pas pour dix pratiquants. Cette règle est applicable aussi pour la construction des mosquées », a souligné M. Fellahi. Jusque-là, le ministère n'a pas reçu de demande allant dans ce sens, a indiqué ce dernier. Il faut rappeler que la Kabylie a fait, dans un passé récent, l'objet d'une campagne médiatique la montrant comme « une région impie et gagnée par l'offensive christianisante » à laquelle il est urgent de mettre un terme.Le ministère des Affaires religieuses se défend de toute implication dans cette campagne. « Pour nous, il n'y a aucun doute, la Kabylie est foncièrement ancrée dans un Islam tolérant. Ceux qui veulent la montrer du doigt ont des visées politiciennes », a estimé un cadre du ministère des Affaires religieuses.