Grèves tous azimuts. Les étudiants font de la résistance à l'est du pays et se rebiffent contre les conséquences du LMD, ressenties par les premières promotions confrontées au marché du travail. La grève nationale des étudiants en architecture boucle sa troisième semaine et rien encore ne pointe à l'horizon pour les rassurer au sujet de l'agrément qui leur est refusé par l'Ordre des architectes, pour cause de non-conformité du diplôme. A Constantine et Biskra, les grévistes broient du noir et semblent décidés à prolonger leur mouvement jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Idem pour les étudiants en urbanisme (une filière enseignée uniquement à l'université Constantine III). Les 250 inscrits en mastère 1 sont en grève depuis trois semaines et attendent désespérément une solution à un problème qui n'a pas été réglé depuis des années. Ceux partis à la recherche d'un emploi se sont heurtés à la réalité amère de la non-reconnaissance du diplôme par la Fonction publique. Oumnia, ainsi que ses camarades étudiantes en mastère 2, qui se sont rapprochées de notre rédaction, se considèrent comme des victimes de la mauvaise organisation. Car elles ont été dirigées vers cette filière alors que leur premier choix était l'architecture, fortes de 14 de moyenne au bac. Ces pauvres étudiantes, après 5 ans d'études, se retrouvent avec un diplôme non reconnu et aucune entreprise étatique ne veut les recruter. Le prétexte qui leur a été fourni par les différents directeurs ou les services de l'ANEM est l'absence d'une loi qui stipule la reconnaissance de cette filière. «Nous avons saisi le recteur pour lui présenter nos doléances. Il nous a répondu qu'il s'agit d'un problème de coordination entre le ministère de l'Enseignement supérieur et les différents ministères concernés par le recrutement de ces jeunes universitaires. Pourquoi lance-t-on une filière avant de préparer le terrain ? Jusqu'à quand faudra-t-il attendre pour que la tutelle prenne notre problème en considération et avise les services étatiques ?», a déclaré Oumnia. Depuis le 23 novembre, les étudiants en sciences politiques de l'université Constantine III font grève, de leur côté, à cause de la non-prise en charge des nouveaux diplômés de cette filière. Une fois le diplôme en poche, ces universitaires se retrouvent au chômage avec une licence ou un mastère non reconnu. Selon un communiqué signé par l'Union générale des étudiants libres (UGEL), ils n'ont pas le droit de s'inscrire dans les différents concours de recrutement organisés par la Fonction publique, d'où l'appel lancé par cette organisation pour l'élaboration de nouveaux textes règlementaires à même de permettre aux diplômés de Sciences-po d'avoir leurs chances sur le marché public de l'emploi. Cette revendication est portée par les étudiants de la même filière à l'université de Jijel, alors qu'à Oum El Bouaghi, les étudiants de lettres anglaises ont débrayé cette semaine pour contester les déclarations de la ministre de l'Education nationale qui, selon eux, a décidé à l'avenir, d'embaucher uniquement les diplômés des écoles supérieures. En plus de la revendication liée essentiellement à l'avenir professionnel, ces mouvements de grève ont un point commun, celui de l'absence de réaction de la part du gouvernement.