Les archives constituent la plus sûre et la plus authentique source d'information. Françoise Durand-Evrard et Lucienne Martini inventent une nouvelle écriture de l'histoire. Les Archives d'Algérie est un livre ludique, didactique et jubilatoire. Quand la science se fait accessible, sensible. Ce n'est pas un livre d'histoire, mais un livre sur l'histoire de l'Algérie. C'est ainsi que les auteurs Des Archives d'Algérie : 1830-1960, éditions Hazan, Françoise Durand-Evrard, archiviste, et Lucienne Martini, chercheur, définissent leur œuvre. Rarement, l'Algérie s'est dévoilée avec tant de bonheur, de justesse. L'approche est assez originale. Pas de place aux longues explications historiques et aux analyses. Juste des documents officiels, des lettres manuscrites, des rapports, des tracts, des affiches de propagandes et des photos. La colonisation s'égrène comme un chapelet d'archives. On (re)découvre une Algérie en mutation, soumise et rebelle, qui accueille des milliers de colons venus faire fortune, presque sans faire d'efforts, est-on tenté de dire. On entre dans l'histoire par la plus belle fenêtre. Françoise Durand-Evrard a pioché dans le Centre des archives d'outre-mer à Aix-en-Province qui recèle le plus important fonds d'archives sur l'Algérie. « D'autres, mieux que moi, ont parlé de ce goût de l'archive, mais seuls des archivistes, dans la masse des documents qu'ils trient, les pièces exceptionnelles, importantes, émouvantes, capables d'intéresser un plus large public », remarque l'archiviste. Et le résultat est pertinent dans sa démarche et sensible dans son caractère. L'intérêt de Françoise Durand-Evrard pour l'Algérie est à chercher du côté de son aïeul Nicolas Evrard, bijoutier à Toul, dans l'est de la France, parti chercher fortune à Oran en 1849, répondant ainsi à l'appel du gouvernement français de l'époque qui incitait les Français à s'installer de l'autre côté de la Méditérannée. Au fil des pages, se cachent des surprises stupéfiantes, des perles longtemps ignorées. Ainsi, en 1856, deux entrepreneurs français, propriétaires terriens dans l'Oranie, voulaient faire venir des Indiens ou des Chinois « seuls ouvriers agricoles disposés à l'immigration qu'on puisse traiter en hommes libres et assujettir en même temps à un travail soutenu, en vertu d'un engagement temporaire et moyennant un salaire peu élevé ». Les Archives d'Algérie est une machine à remonter le temps didactique. Son accessibilité n'enlève rien à son sérieux. Il est ludique, original et captivant. C'est comme avoir un musée chez soi. Peut-être que les dirigeants du Centre des archives nationales de Birkhadem en seront inspirés et nous étonneront agréablement. Peut-être...