L'association Verdict, initiatrice de cette journée d'étude sur le 8 Mai 1945, a invité Benjamin Stora, Fouad Soufi, Feriel Fates Lalami, entre autres, pour débattre avec un public nombreux de cette date du 8 Mai 1945, une date héroïque et douloureuse dans l'histoire de l'Algérie. L'intervention très éclairée du chercheur Fouad Soufi a permis d'ouvrir certaines brèches dans cette écriture de l'histoire en mettant en exergue des dates occultées telles que celle du 7 juin 1936, qui a réuni tous les militants nationalistes, toutes tendances confondues, d'où la naissance d'une charte, et qui mérite que des chercheurs s'y intéressent, du moment que l'on parle d'écriture et de mémoire. Le chercheur a évoqué, notamment, le phénomène d'instrumentalisation de la mémoire et d'une mémoire impliquée dans les enjeux politiques. De l'avis de Fouad Soufi, ceux qui ont écrit sur la guerre d'Algérie, au lieu d'écrire des récits de vécu (pour les témoignages), ont versé dans l'écriture de livres d'histoire et de ce fait, ils ont consulté la presse coloniale. d'un autre côté, insistent-ils, il est important que l'écriture de notre histoire soit prise en charge par nous, et de ne pas laisser le champs libre encore à Aussaresse pour nous commander. Pour Benjamin Stora, parler du 8 Mai, une date annonciatrice de la guerre d'Algérie est difficile vu la conjoncture actuelle, évoquant ainsi les relations algéro-françaises. Benjamin Stora n'a pas hésité à reparler de cette fameuse loi du 23 février 2005, en estimant que cette loi n'est que l'obsession d'un petit groupe d'historiens et d'intellectuels français. L'histoire pour Benjamin Stora s'écrit à deux, pour la loi du 23 février, la France a donné un satisfecit à elle-même sans concertation du colonisé ni de ce qu'il pense. En fait, c'est une écriture unilatérale, 50 ans après les indépendances. Les intellectuels français entrent dans le débat d'une manière amnésique et les historiens ne peuvent se substituer aux hommes politiques, il faut le courage d'une classe politique par rapport à sa propre société dans ce processus de l'écriture de l'histoire, explique l'historien français. Cette écriture de l'histoire posée avec acuité chevauche sur une autre question, celle des archives et de leur accessibilité. Benjamin Stora évoque les archives de la police française, qui ont joué un rôle important, contrairement à ce que l'on pense, vu que l'armée française n'est arrivée en Algérie que vers 1956. Les archives accessibles ou inaccessibles restent un débat passionné car certaines réalités de la guerre d'Algérie resteront, sans doute, sous scellés. Nassira Belloula