L'usage des technologies modernes dans l'écriture de l'histoire, dont particulièrement Internet, pourrait compromettre la qualité de la recherche historique, ont estimé des chercheurs participant, lundi à Boumerdès, à un colloque national sur le "rôle des archives dans la préservation de la mémoire de l'Emir Abdelkader, l'homme et le résistant". Ces technologies constitueraient "un véritable danger pour la recherche historique sérieuse " notamment du fait qu'elles pourraient "inciter les chercheurs à tomber dans la facilité" car "privilégiant la forme au détriment du fond" des faits historiques étudiés, ont-ils souligné. Ils ont ajouté que ces supports modernes de communication, utilisés "sans aucune vérification rigoureuse de la matière" fournie et "sans sélection préalable de ce qui est bon pour les générations futures", est de nature "à nuire à la mémoire collective nationale". Ces technologies "diffusent de manière insensible des concepts et valeurs étrangers à notre société", ont-ils averti. Le directeur général des archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, rappelant l'époque où le chercheur prenait le temps d'affiner sa recherche, étudiant "minutieusement chaque document en sa possession avant de procéder à une écriture sérieuse de l'histoire", a déploré le fait qu'en "fournissant une somme énorme d'informations en un temps record, l'Internet a fait perdre au chercheur sa relation charnelle avec le stylo et la recherche, le livrant ainsi sans volonté à aller au-delà de ce que lui fournit la machine (l'ordinateur)". Il en a déduit que les "nouvelles technologies constituent un danger pour la première source sur laquelle se fonde l'écriture de l'histoire, à savoir le document historique. Il a appelé les chercheurs à demeurer "vigilants" lors de l'usage de ces technologies. Par ailleurs, le président du conseil scientifique de la Fondation de l'Emir Abdelkader a présenté une communication sur le thème "l'Emir Abdelkader et le Soufisme". Il a fait valoir les qualités intrinsèques de cette personnalité historique, exposant toutes les fonctions et responsabilités qu'il a assumées au cours de sa vie, en tant que militaire, résistant, diplomate, penseur, poète, homme de culte et Soufi, et fondateur de l'Etat Algérien moderne. La création de la Fondation Emir Abdelkader, datant depuis une quinzaine d'années, répond à la volonté " de préserver le legs intellectuel, Soufi et de grande résistance de cette personnalité nationale unique, afin de le transmettre aux générations actuelles et futures", a-t-il indiqué. Une série de communications suivies de débats ont été présentée lors de ce colloque national qui a regroupé un grand nombre de professeurs d'histoire des universités, lycées et CEM du pays, ainsi que de représentants d'associations. R.T