Si ces pratiques résultent également de la corruption, la vigilance des citoyens doit être de mise. Mais la responsabilité incombe toutefois à ceux censés protéger les personnes, comme stipulé dans la Constitution. Les chauffages défectueux importés se vendent en toute impunité dans les magasins et, surtout, dans les marchés informels. Comment arrêter ce fléau, notamment lorsqu'il s'agit de préserver la vie humaine ? Des enfants sont morts à cause de la mentalité assassine d'importateurs véreux qui ne pensent qu'au gain facile. Ce massacre commercial doit cesser. Un sursaut citoyen doit se manifester pour stopper ces agissements barbares d'un autre âge. Face à cette situation, des associations ont décidé de briser l'omerta. Le président de l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, avance un chiffre alarmant : «Durant l'année 2013, plus de 40 000 appareils défectueux ont été saisis par les pouvoirs publics. Depuis le début de 2014 à ce jour, le nombre de saisies dépasse les 30 000. Il s'agit du suivi des containers.» Outre ces opérations coup-de-poing, le plus inquiétant, selon M. Zebdi, demeure le nombre de décès causés par les appareils ne répondant à aucune norme de sécurité. «Le chiffre que notre association présente n'est guère une exagération. Le pays totalise une moyenne de 300 décès par an à cause des émanations de gaz, du monoxyde de carbone et des explosions. Cette moyenne comprend la dernière décennie. Ceci sans oublier les blessés et les victimes de lésions morales.» Pour M. Zebdi, «les chauffages défectueux sont importés par des opérateurs qui ne pensent qu'à l'argent facile. Ils n'ont aucune conscience. Nous les considérerons comme responsables de crimes et ils doivent être jugés comme de véritables criminels». Dans le même sillage, la responsabilité échoit également à ceux qui installent les chauffages. «Dans des maisons, il existe des chauffages de qualité. Mais lorsque l'ouvrier ne les installe pas correctement et ne respecte pas les consignes de sécurité, le monoxyde de carbone envahit les pièces, car il n'est pas canalisé.» Sur un autre point, Mustapha Zebdi estime qu'il faut sensibiliser les citoyens à ne plus utiliser les bouteilles de butane qui dépassent les 20 ans. «Des familles dont les maisons ne sont pas raccordées au réseau de gaz utilisent des bouteilles de butane qui datent des années 1970. Ce qui constitue un réel danger», prévient-il. Le marché informel pour écouler les produits contrefaits De son côté, le porte-parole de l'UGCAA, Hadj Tahar Boulenouar, estime qu'il faut appréhender la problématique à la source : «Qui laisse entrer ces produits contrefaits sur le territoire national ? Il y a un manque flagrant de contrôle. La commercialisation de chauffages défectueux est encouragée par l'informel, dans lequel l'importateur trouve facilement un débouché pour écouler cette marchandise de mauvaise qualité. Il existe des marchés connus, mais ce sont en réalité des marchés de gros de l'informel, sans administration ni contrôle. Le ministère du Commerce doit s'adresser de manière franche à la population. Dire qu'il y a des chauffages défectueux est salutaire. Pourquoi tient-il toujours un discours optimiste pour dire que tout va bien ? Il y a mort d'homme, il faut qu'il le comprenne.» Notons que les militants associatifs souhaitent que la justice lance des enquêtes pour mettre hors d'état de nuire les responsables de ces importations frauduleuses, bien connus des services du ministère du Commerce.