Le marché algérien est truffé de marchandises contrefaites. La menace des produits avariés ainsi que ceux contrefaits plane toujours sur la tête du consommateur algérien. Suffira-t-il à ce dernier de s'enquérir des dates de péremption des produits alimentaires et des notices de conformité des articles d'électroménager pour s'assurer de l'authenticité du produit ? La sensibilisation et la vigilance du citoyen peuvent-elles endiguer le problème ? Les commerçants défiant les normes en vigueur de la conservation saine des denrées alimentaires n'hésitent pas à mettre en péril la santé des consommateurs. L'autre aspect à déplorer est l'indifférence des services de contrôle qui encourage les commerçants récalcitrants à bafouer les normes. Les cas sont éloquents ! Pas plus tard que cette semaine, des quantités de denrées alimentaires (pois chiches et lentilles) avariées ont été écoulées sur le marché. Le fraudeur changeait sans aucun état d'âme l'emballage de ces produits afin de tricher sur leur date de péremption. Dans un autre volet, le secteur de l'électroménager est aussi pointé du doigt, notamment durant cette saison hivernale. Le ministère du Commerce a récemment fait ressortir que la plupart des appareils de chauffage à gaz, dont la plupart venus d'Asie, ne présentent aucune garantie pour leur utilisation. Toutefois, on ne sait pas pourquoi ces produits parviennent tant bien que mal à se vendre dans le circuit du commerce algérien malgré leur dangerosité. Le colonel Farouk Achour, sous-directeur des statistiques et de l'information au niveau de la Protection civile, a déclaré que «pas moins de 161 personnes ont trouvé la mort suite à l'inhalation du monoxyde de carbone, s'agissant du bilan de l'année 2014». Pour sa part, le président de l'Association de protection du consommateur (Apoce), Mustapha Zebdi, a déclaré que «cette situation est due en partie à l'absence d'un système de contrôle opérationnel au niveau du ministère du Commerce». Et d'ajouter : «Près de 98% des appareils de chauffage importés sont contrefaits. Sur un échantillon de 158 appareils, 150 ne sont pas conformes, c'est du moins ce qui ressort des dernières conclusions du ministère du Commerce.» Notre interlocuteur reste dubitatif quant à l'authenticité des chiffres qui ont été relayés. Dans une intervention récente, Kolli Sami, directeur de la qualité et de la consommation au ministère du Commerce a, de prime abord, signalé que l'année dernière pas moins de 40 000 appareils non conformes par rapport au dispositif de sécurité ont été bloqués aux frontières. Certains de ces appareils ont subi ensuite une mise en conformité, a-t-il précisé. S'agissant du volet produits alimentaires avariés, le président de l'Apoce pointe du doigt la léthargie des services d'hygiène et de santé communaux. Ce dernier demande à ce que «le statut des services d'hygiène communaux soit revu, étant donné qu'il ne leur permet pas d'activer d'une manière efficace sur le terrain pour détecter les produits avariés, si ce n'est que par leur date de péremption». Pour le président de l'Apoce, qui tient à sonner le tocsin, cette situation «relève de l'inquiétude». «Les autorités compétentes ont la volonté d'impliquer la société civile dans la sensibilisation, mais le point essentiel, à savoir le contrôle de qualité, est quasi absent», tempère M. Zebdi. En dépit de toutes les mesures prises par le ministère du Commerce contre la contrefaçon et la fraude, il n'en demeure pas moins que cette dernière arrive toujours à contourner les circuits légaux. L'exemple de taille est du côté des marchés de gros de Gué de Constantine (Semmar) et celui d'El Hamiz, qui demeurent jusqu'à présent «intouchables». D'ailleurs, on ne sait pas pourquoi les autorités ne semblent toujours pas prêtes à éradiquer ces deux marchés qui gangrènent le circuit de la vente.