La bataille d'Aït Yahia Moussa, qui a eu lieu le 6 janvier 1959, est l'une des pages glorieuses de la Guerre de libération nationale, ont témoigné jeudi au musée régionale du moudjahid de Tizi Ouzou d'anciens moudjahidine. S'exprimant à l'occasion d'une rencontre de commémoration du 58e anniversaire de cette bataille, Abdellah Dellys, Sana Ramdane, Challal Med Saïd, Chettabi Hocine et Naili Ali, se rappellent des atrocités commises ces jours-là à Aït Yahia Moussa par l'armée coloniale, mais aussi de la bravoure de leurs frères de combat. En ce début de l'année 1959, le 5 janvier, Aït Yahia Moussa (30 km au sud de Tizi Ouzou), qui faisait partie de la zone IV de l'ex-wilaya III historique, se préparait à abriter une importante réunion de coordination qui devait regrouper, au domicile de Krim Belkacem, des responsables de l'ALN dont les colonels Amirouche (wilaya III), M'hamed Bougara (wilaya IV) et Si El Houès (wilaya VI), se rappellent-ils. «Ayant eu vent de la tenue de cette réunion, l'ennemi a mis au point une opération pour capturer les responsable de l'ALN, en mettant en branle une machine de guerre infernale composée de plusieurs milliers de soldats armés jusqu'aux dents et appuyés par l'artillerie et l'aviation», se remémorent ces témoins qui gardent ancrés dans leur mémoire, selon leurs témoignages, l'horreur de cette bataille apocalyptique, mais aussi le courage des moudjahidine nourris par leur foi inébranlable en la justesse de leur cause, celle de la libération de l'Algérie du joug colonial. L'arrivée des troupes françaises a été signalée par les sentinelles de l'ALN présentes sur les crêtes entourant Aït Yahia Moussa, dans l'après-midi du 5 janvier 1959. Des rapports sur un important mouvement de soldats de l'armée coloniale vers Aït Yahia Moussa, ont été transmis à l'ALN. Des hélicoptères «Bananes» ont été utilisés pour acheminer sur les crêtes, à l'instar d'Iallalen, des éléments de reconnaissance qui, une fois ayant repéré les maquisards, se repliaient pour laisser place aux bombardements par l'artillerie à partir des camps de Tazrout, Timzrit et Cantina, et à l'aviation. Chettabi Hocine, ancien chef de front, blessé au napalm lors de cette bataille, se rappelle que son chef militaire le lieutenant Mohand Oulhadj de Tafoughalt (zone IV), qui a constaté que les troupes françaises commençaient à reculer pour laisser place à l'artillerie et à l'aviation, avait donné l'ordre à sa compagnie d'engager un combat au corps. «Il nous a dit de suivre les soldats français et de les harceler afin de les pousser à engager le combat pour éviter l'artillerie et l'aviation», se souvient-il.