Contraints de réagir dans l'urgence pour tenter d'absorber la colère citoyenne dans plusieurs villes du Sud, le président Bouteflika et son gouvernement décident de revoir leurs ambitions à la baisse. Ainsi, au lieu de six à sept nouvelles wilayas promises, le Conseil interministériel, réuni mardi dernier sous la présidence du chef de l'Etat, décide de créer des wilayas déléguées durant le semestre en cours à travers les wilayas du Sud. «Ces wilayas déléguées seront dotées de moyens renforcés et de compétences élargies. Ce processus sera élargi en 2016 à travers les Hauts-Plateaux», précise le communiqué rendu public à l'issue de cette réunion consacrée au développement local dans les wilayas du Sud et des Hauts Plateaux. «Ces wilayas déléguées seront créées pour rapprocher le service public des administrés», indique le même communiqué. Visiblement, la chute des prix du pétrole et la baisse des recettes financières ont obligé les autorités à se contenter juste de wilayas déléguées. «Ce processus sera élargi en 2016 à travers les Hauts-Plateaux, de sorte à étaler l'effort financier requis, étant entendu que cette démarche se généralisera graduellement au reste du pays, en préparation à la création future de wilayas nouvelles», lit-on dans le même communiqué. Lors de ses nombreuses visites dans les wilayas à la veille de l'élection présidentielle et durant la campagne électorale menée en faveur du chef de l'Etat, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été sollicité par des habitants de nombreuses localités qui lui demandaient d'élever leurs daïras au rang de wilayas. En guise de réponse, il avait fait le «serment» de satisfaire cette «revendication légitime» en accordant le statut de wilaya à, par exemple, El Ménéa (wilaya de Ghardaïa), In Salah et In Guezzam (Tamanrasset), Touggourt (Ouargla), Timimoun (Adrar) et Beni Abbès (Béchar). Pour les Hauts-Plateaux, Abdelmalek Sellal avait renouvelé la même promesse aux habitants de Frenda (Tiaret) et El Eulma (Sétif). Selon lui, «le projet de découpage, qui figure parmi les points les plus importants du programme électoral du candidat Bouteflika, était irréversible, promettant qu'il sera concrétisé car il est devenu une nécessité absolue». Lors des Aassises nationales sur le développement local organisées en 2011, le Conseil national économique et social (CNES) avait également recommandé de recourir à un nouveau découpage administratif. Outre le découpage administratif, la classe politique nationale exige carrément, dans le cadre de la décentralisation, d'aller plus en profondeur dans la réforme de l'Etat. Et cela à travers la création de régions, de fédérations ou d'aller carrément vers l'autonomie des régions. A ces demandes, le pouvoir reste réticent, préférant répondre par des demi-mesures qui n'assurent pas une réelle décentralisation.