On peut aussi se demander s'il est possible de surveiller tous ceux qui souhaiteraient rejoindre le djihad mais ne le peuvent pas pour diverses raisons et sont alors tentés de mener des opérations sporadiques sur le sol français, inspirés par le groupe criminel Etat islamique qui les encourage à «passer à l'action» : «Tuez à l'aide d'un couteau un policier (…) ou un militaire.» Ainsi mardi en début d'après-midi, un homme armé d'un couteau de cuisine s'en est pris à un militaire sur la place Masséna, puis à deux autres militaires qui s'interposaient, à un endroit très passant où des agents du tramway et des gens ont bloqué la fuite de l'homme avant que la police et les militaires ne l'appréhendent. Il avait cependant blessé légèrement deux soldats à la joue, à la main et au bras. Rapidement, l'enquête a été confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la Section départementale de l'antiterrorisme (SDAT) de la police judiciaire ainsi qu'à la PJ de Nice sous couvert de la section antiterroriste du parquet de Paris. L'individu était muni d'une carte d'identité à son nom, Moussa Coulibaly — homonyme sans lien avec le terroriste qui avait sévi le 8 janvier dernier à Montrouge puis dans l'hyper Casher à Paris. Il habite Mantes-la-Jolie, en banlieue parisienne et était connu des Services pour des faits de délinquance depuis au moins dix ans. Surtout, Il avait «été refoulé la semaine dernière par les autorités turques» et «entendu à son retour» par la DGSI. Il avait été repéré, en décembre, par le Service du renseignement territorial (SDRT) pour «prosélytisme agressif» dans sa salle de sport des Yvelines. La surveillance dont il avait alors fait l'objet ne révéla rien de particulier ni dans ses relations ni dans son vécu quotidien. Il avait tenté de regagner le djihad en Syrie via la Turquie. Repéré par la DGSI, une note avait été transmise à leurs homologues turcs pour qu'il soit refoulé d'Istanbul. Ce qui avait été fait. A son retour, il avait été interrogé mais laissé libre. Dans un communiqué publié mardi soir, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est gardé d'évoquer une attaque «terroriste», préférant parler d'«acte criminel», estimant avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qu'il s'agissait d'«une tentative d'assassinat préméditée».Pour les services de renseignement, cités par Le Monde c'est «un type un peu paumé, difficile à détecter, qui passe subitement à l'acte. On s'attend à ce que ce phénomène se répète.» En décembre, trois policiers avaient été attaqués au couteau de cuisine au commissariat de Joué-lès-Tours. Précédemment, le 25 mai 2013, un militaire en mission Vigipirate dans le quartier d'affaires de La Défense (Hauts-de-Seine) avait été poignardé, notamment à la gorge, à l'aide d'un cutter, par un homme qui avait pris la fuite. Avant cela, un militaire avait été agressé à l'arme blanche.Le 7 mai à Roussillon, en Isère, un homme, jugé déséquilibré, s'en était pris à un gendarme, lui infligeant un coup de couteau à la gorge en criant «Allah est grand». Mardi matin, des opérations policières se sont déroulées en France. Huit personnes ont été arrêtées en Seine-Saint-Denis et dans la région lyonnaise. «Ces individus sont soupçonnés de participer activement à l'enrôlement de jeunes français dans le djihadisme. C'est une problématique syrienne», a indiqué le ministre de l'Intérieur. 1300 Français sont actuellement concernés par des filières de recrutement de combattants islamistes pour la Syrie et l'Irak. 161 procédures judiciaires sont en cours et concernent 547 individus.