La France, ébranlée par trois attaques sanglantes en trois jours, veut se rassurer. Entre le forcené de Nantes, fonçant droit sur la foule dans un marché de Noël, le « déséquilibré » percutant à bord d'un camion des piétons à Dijon (centre-est) et l'attaque au couteau à Joué-Lès-Tours (centre-ouest) contre des policiers, tout lien est rapidement réfuté. Le Premier ministre, Manuel Valls, plaide pour la thèse de l'acte isolé qui serait donc le fait d'« individus hybrides qui peuvent agir seuls ». Sur les ondes d'Europe 1, Valls qui a tenu, hier, « un point de situation » aves ses ministres, appelle à la vigilance citoyenne, tout en exhortant les Français à ne pas céder à la panique. « Nous ne minimisons pas », a souligné le Premier ministre français, totalement acquis à « la vigilance, l'unité et au rassemblement ». Mais, à l'heure du Daech essaimant l'armée des « volontaires » européens, l'ombre du terrorisme plane sur le Vieux continent nécessairement et objectivement exposé au retour de flamme. « Nous avons plus d'un millier d'individus concernés par le djihad en Syrie ou en Irak, plus de 300 sont là-bas, 56 ou 57 sont morts sur place, cela montre le degré d'implication », a précisé Valls, égrenant les 5 attentats récemment évités, les réseaux démantelés et les départs vers la Syrie avortés. « La menace d'une ampleur jamais inégalée est présente », reconnaît-il. « Ces derniers jours, fait-il remarquer, Daech a encore appelé à frapper la France. » Le risque reste présent. Ce risque que laisserait supposer le cri de ralliement d'« Allah akbar », proféré par l'agresseur franco-burundais des policiers récemment converti à l'islam et brandissant sur son compte facebook le drapeau de l'EI ou encore par le Franco-Marocain de Dijon pris de « délire mystique » inspirant le mode opératoire choisi par le « meurtrier de masse » de Nantes. Les événements tragiques de Joué-lès-Tours, Dijon et Nantes présentent une similitude de facteurs qui rend ténues les frontières entre le terrorisme international et la succession des agressions. En tout état de cause, dans un lourd climat de peur, Matignon a mis en place, depuis plusieurs semaines, un « plan antivols à main armée » et relance le « Plan Vigipirate » pour sécuriser les lieux de fêtes, les gares et les aérogares. Un contingent de 200 à 300 militaires a été déployé. Sur le pied de guerre, la France socialiste n'en est pas moins bousculée par l'opposition de droite, accusant le gouvernement Valls de ne pas prendre la mesure de l'islam radical et de l'extrême droite tirant les dividendes du marché de la peur et de l'islamophobie en jachère qui fait tant saliver les BHL et autre Eric Zemmour en service commandé au cœur de la République menacée dans ses fondements séculiers.