Après la tour de 800 m à Dubaï, une tour de 1000 m en Arabie Saoudite et en 2020, une autre à Dubaï ! La démesure dans les pays du Golfe arabique, avec l'image peu reluisante d'argent jeté par les fenêtres. Et vlan, l'Arabie Saoudite a décidé de construire un immeuble encore plus haut que le gratte-ciel Khalifa de Dubaï. Facture: 597 millions de dollars. Course poursuite avec le petit émirat de l'extravagance qui vient à peine d'inaugurer le gratte-ciel Khalifa, le plus élevé du monde. Le prince saoudien Al-Walid Ben Talal ne l'a pas avalé. Lui aussi aura sa tour. Et pour être certain de damer le pion au prince de Dubaï, il a déjà bloqué l'argent de son rêve dans la banque Citigroup. Son projet sera bâti dans le port de Djedda. Al-Walid Ben Talal est le neveu du roi Abdallah, il propriétaire, entre autres, de l'hôtel George-V à Paris, du château piémontais de la belle-famille du président français, et actionnaire de poids d'Apple. La crise des subprimes la délestée de 8 milliards de dollars en 2009, mais qu'a cela tienne : rien n'ébranle le cheikh. Le prince est formel: la construction de sa tour, la Mile-High Tower, débute dès l'an prochain. Dubaï ne se laisse pas conter, coup contre coup, ses princes annoncent le projet de la Nakheel Harbour & Tower qui devrait dépasser les 1.130 mètres. Livraison prévue en 2020. Tandis que les princes arabes concrétisent leurs rêves et fantasmes, les Occidentaux, qui ont conçu et réaliser ces tours, doivent se contenter de la Jin Mao Tower de Shangai (421 mètres) ou de la Trump Tower de Chicago (415 mètres). Les Japonais en sont encore au rêve de la tour Mother de 1 321 mètres à Tokyo. Et pour marquer les esprits et certainement taquiner les riches arabes, un architecte nippon annonce une tour de… 4 000 mètres à l'horizon 2050 ! Des projets fous mais les Japonais ont les pieds sur terre. Le problème est que les tours du Golfe sont conçues et réalisées par des architectes, ingénieurs et designers occidentaux. Les arabes se contentant de délier les cordons de leurs bourses. Alors, on s'interroge sur cette fièvre des tours. Aux confins du désert du Rub al-Khali et du golfe Persique, Burj Dubaï, visible à plusieurs dizaines de kilomètres, emploie une dizaine de milliers de travailleurs. Mais rien ne garantit aujourd'hui son remplissage. Un luxueux centre commercial de 300 000 m2 en attente d'accueillir les boutiques les plus in et les plus chics du monde, des suites et appartements privés habillés par le célèbre couturier italien Giorgio Armani, des piscines à perte de vue, la jet-set… Ce beau monde ne croise jamais les autochtones. Il reste que pour monter la tour de Dubaï, il a fallu cinq années de travaux titanesques par 8 000 de travailleurs, indiens pour la plupart et payés en moyenne cinq dollars par jour ! C'est aussi et surtout cela le miracle de la tour qui a coûté plus d'un milliard de dollars.