Dix jours après l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit de la compagnie Northwest Airlines, les Etats-Unis ont décidé de renforcer le contrôle au niveau des aéroports, notamment lorsqu'il s'agit de passagers originaires ou en provenance de quatorze pays « dits à risque », dont l'Algérie. L'information a été rapportée hier par des agences de presse et des journaux américains. Ainsi, la détention d'un passeport algérien dans les aéroports américains soumet automatiquement le passager à une fouille minutieuse, notamment au scanner corporel. Cette mesure, qui est applicable depuis hier, va même plus loin puisqu'elle prévoit une fouille corporelle complète assortie d'une inspection manuelle des effets personnels déjà à l'embarquement des vols à destination des Etats-Unis. Cette fouille en amont est justifiée par le fait qu'« une sécurité aérienne efficace commence au-delà de nos frontières », est-il souligné dans la nouvelle directive. Outre l'Algérie, la directive américaine, selon un haut responsable de l'Administration Obama, cite treize autres pays, à savoir l'Iran, le Soudan, le Nigeria, Cuba, la Syrie, le Pakistan, le Yémen, l'Afghanistan, la Libye, la Somalie, le Liban, l'Arabie Saoudite et l'Irak. La mesure américaine qualifie ces pays de « soutiens au terrorisme » ou de pays « concernés par le terrorisme ». La réaction américaine intervient après celle de la France qui, le 29 décembre dernier, a établi une nouvelle carte de sécurisation aérienne. L'Algérie a, pour rappel, été aussi ciblée par les mesures françaises de renforcement des contrôles dans les aéroports. Le ministre de l'Intérieur français avait réagi, la semaine dernière, en annonçant le recours à un renforcement de la sécurité aérienne se basant sur un contrôle déjà à la réservation. Brice Hortefeux, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a même souhaité soumettre le projet français à l'adhésion européenne. La directive française prévoit, entre autres mesures, d'obtenir les renseignements sur l'identité du voyageur à la réservation et non à l'enregistrement, en sus d'informations comme le moyen de paiement, l'adresse de facturation, le numéro de téléphone ou encore l'adresse électronique. Figurant déjà depuis février 2009 sur la liste française des pays à risque, l'Algérie se doit de fournir davantage de renseignements sur les passagers algériens, faute de quoi une amende de 50 000 euros sera exigée de la compagnie Air Algérie si elle refuse de se soumettre à cette exigence. Toutes les compagnies aériennes qui desservent la France sont soumises, depuis le 1er janvier en cours, à cette directive. La France répertorie en outre d'autres pays comme source de menace en citant le Yémen, la Syrie, le Pakistan, l'Iran, l'Afghanistan et le Mali. Une liste qui risque de s'élargir à 23 autres pays. Le Nigeria a réagi hier, par la voix de sa ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, en qualifiant la nouvelle directive américaine d'« injuste ». « Il est injuste d'inclure le Nigeria dans la liste des contrôles renforcés, car les Nigérians ne sont pas enclins au terrorisme », a-t-elle dit, ajoutant qu'« il est injuste de discriminer 150 millions de personnes en raison de la conduite d'une seule ». A rappeler que l'attentat avorté contre le vol de la Northwest Airlines avait été commis par un Nigérian, âgé de 23 ans, nommé Umar Farouk Abdulmutallab.