Les nostalgiques de l'Algérie française veulent faire du 14 mars une journée nationale de révision de l'histoire le jour de la débaptisation de la rue du 19-Mars. Pour Jean-François Gavoury, président de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (ANPROMEVO), «outre le sens de la loi du 6 décembre 2012 relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie, il s'agit de montrer au maire, Robert Ménard, que la France ne supporte pas que l'on rende hommage à des officiers ayant tourné leurs armes contre les institutions qu'ils avaient reçu pour mission de protéger». Dans le communiqué signé d'autre part par Les Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (4ACG), l'Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA) et Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, relèvent que «tout ce que la France compte de nostalgiques de l'Algérie française, cercle algérianiste, associations de rapatriés et d'organisations pro-OAS s'organise pour faire de cette cérémonie un grand rassemblement national». Cette «constellation réactionnaire», selon les termes des signataires, continue des actions de «négationnisme», d'abord en refusant d'admettre la date du 19 mars 1962, estimant a contrario de l'histoire que l'indépendance aurait été offerte aux Algériens alors que l'armée de Libération Nationale aurait été totalement défaite. Quant à la violence après le cessez-le-feu, argument pour refuser la date du 19 mars, les signataires notent : «Si, à la suite du cessez-le-feu, des crimes et des violences ont continué à faire des morts et des disparus aussi bien du côté français qu'algérien, le déchaînement de la folie meurtrière de l'OAS y a été pour beaucoup». Pour les quatre associations, d'autre part, le choix du nom de Hélie Denoix de Saint Marc «présenté comme ‘‘héros de la Résistance, et déporté à Buchenwald… une personnalité d'exception aux hautes valeurs morales et au sens de l'honneur indiscutable'' (déclaration du Cercle algérianiste), cette réputation est totalement surfaite. Son passé de résistant et de déporté, indûment utilisé (…), ne l'exonère aucunement du rôle qu'il a joué à deux reprises. Cet homme, en effet, a été un croisé de la colonisation et un défenseur irréductible de la domination coloniale, d'abord au Vietnam, puis en Algérie : en 1957, aux côtés du général Massu, pendant la bataille d'Alger, pour pourchasser les indépendantistes algériens, en couvrant de son autorité les pires méthodes d'élimination ; puis, quatre ans plus tard, à la tête du 1er REP pour participer au ‘‘putsch des généraux'' du 21 avril 1961. Si, après l'échec de ce complot, il n'a pas déserté, contrairement à d'autres officiers, pour rejoindre l'OAS, il n'a rien fait pour démentir les jusqu'au-boutistes de l'Algérie française qui utiliseront sa personnalité comme un emblème de leur combat. Jusqu'à la fin de sa vie, il gardera le silence aussi bien sur la pratique de la torture par l'armée française que sur l'action criminelle de l'OAS», concluent les signataires.