Les ménages ne savent plus à quel saint se vouer, tant ils se trouvent déboussolés par le rythme affolé du cours des marchés des fruits et légumes. Aujourd'hui, les étals sont bien achalandés, le nombre de points de vente est en nette augmentation, répondant ainsi à une forte demande en matière de consommation et de proximité, évitant aux ménagères les contraintes des déplacements au-delà du périmètre de leur lieu d'habitation. A Annaba, le marché d'El Hattab tient toujours la vedette par son activité fébrile, la disponibilité des produits de large consommation, et surtout par le monde qui le fréquente sans relâche, jusqu'au soir, au milieu d'un environnement, disons-le, insalubre. Cependant, sa marchandise est écoulée dans une dynamique d'accélération qui donne le tournis. Ce marché de bric-à-brac, n'est en somme qu'un grand espace de brocante à ciel ouvert. On s'agglutine devant le semblant d'échoppes pour simplement s'interroger sur le prix de telle ou telle marchandise, en dépit du fait que celui-ci se trouve affiché, mais n'en déplaise, les bourses ne parviennent plus à tenir la cadence de la montée vertigineuse des fruits et légumes. Nous évoquons les fruits et légumes, mais, il s'agit en fait de légumes et rien de plus, avec cette précision qui s'impose, les consommateurs vont à la recherche de la pomme de terre, beaucoup plus que les autres produits. Quant aux étals de bouchers et de marchands de volaille, des regards discrets sont jetés en leur direction et l'on n'ose s'arrêter malgré les invitations, voire les invocations, des vendeurs de seulement marquer un temps d'arrêt, et d'apprécier les étalages bien garnis, mais faute de moyens, chacun garde ses distances, pour ne froisser ni l'un ni l'autre. La poissonnerie, quant à elle, se résume à une dizaine de tables. Les vendeurs, munis de bidons, arrosent d'eau les produits de la mer pour qu'ils gardent « leur fraîcheur ». Mais là encore, les bourses sont maigres, pas de moyens pour foncer. Il ne s'agit pas d'attendre la fin du mois pour faire ses emplettes, ou d'une manne providentielle qui viendrait renflouer un porte-monnaie vidé par les fréquentes sollicitations des chefs de famille, lesquels sont éreintés et essoufflés par des dépenses effrénées.