Une injustice qui sera réparée 35 ans après l'indépendance. C'est Fadhma Si Ahmed Oumeziane (1830-1863), plus connue par Lalla Fadhma N'Soumer, surnommée la Jeanne d'Arc du Djurdjura par les Français, qui sera tirée la première de l'oubli à travers un timbre émis le 8 mars 1998 à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Une allégorie dessinée par Kamar-eddine Krim illustrant une femme montée sur cheval et portant un fusil. Pas de portrait de cette résistante. Une première occasion ratée pour rendre un «vrai» hommage à cette femme courageuse qui a défié l'armée française. Le 20 mai de la même année, le dessinateur Sid Ahmed Bentounes signe un timbre commémorant la bataille de Zaâtcha (du 16 juillet au 26 novembre 1849) entre les troupes françaises du général Herbillon et les habitants insurgés sous la conduite de cheikh Bouziane, mais point de portrait de ce dernier. Ce n'est qu'à partir de 2001, soit 35 ans après l'émission d'un premier timbre en hommage à l'Emir Abdelkader, qu'on a «osé» vraiment tirer de l'oubli les hommes qui ont mené des insurrections contre l'occupation française. Comme pour réparer une injustice, on trouve le moyen de «créer» l'occasion pour célébrer le 120e anniversaire de la révolte de Cheikh Bouamama en 1881, dont le portrait a été dessiné par Sid Ahmed Bentounes sur un timbre émis le 1er novembre 2001, le même jour qui a vu aussi l'émission d'un timbre consacré au 130e anniversaire de la révolte d'El Mokrani en 1871, dont le portrait a été l'œuvre du même dessinateur. Il faudra attendre encore l'année 2007 pour que la Poste algérienne daigne enfin rendre hommage à cheikh Mohamed Ameziane Belhadad et Hadj Ahmed Bey à travers des portraits dessinés par Sid Ahmed Bentounes sur deux timbres émis les 8 avril et 7 novembre. Mais les grands oubliés de cette «saga philatélique» ont été ceux qui se sont soulevés contre l'occupation française dès les premières années de la conquête. Le premier est Bennacer Benchohra (1804-1884), chef de la résistance déclenchée dans la région de Laghouat et le Sud algérien en 1841 et qui a duré 27 ans. L'homme avait été surnommé par les Français «Le marin du désert» pour ses qualités de grand guerrier, de stratège et de fin tacticien dans la guerre du désert. L'autre grand oublié est Mohamed Ben Abdellah, dit Cheikh Boumaza, qui a mené en 1845 le soulèvement dans le Dahra et l'Ouarsenis. Une région qui sera le théâtre des fameuses enfumades perpétrées par l'armée française pour se venger des tribus qui ont soutenu Boumaza. Mais le plus illustre des oubliés de l'histoire demeure Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubaghla, qui dirigea la révolte populaire en Kabylie de 1851 jusqu'à sa mort le 26 décembre 1854. Un résistant décapité après son exécution, et dont le crâne, ainsi que ceux de Cheikh Bouziane, Moussa Derkaoui et les restes d'une quarantaine d'autres résistants à la colonisation française sont conservés jusqu'à ce jour dans des boîtes au Musée national de l'histoire naturelle de Paris.