Ce n'est pas dans une chronique qu'on peut résumer l'histoire de la Kabylie. Une terre qui a vécu des événements majeurs durant sa longue existence depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. On soutient même que des hominidés sont apparus dans la région 15 000 ans avant notre ère à Mechta Afalou. Puis, depuis le règne du roi amazigh Sheshonq 1er ou Chachnaq, dont la victoire en 950 Av-JC contre le pharaon Ramsès II sera à l'origine de la célébration de Yennayer, jusqu'à nos jours, la région a enfanté des générations d'hommes et de femmes, connus et moins connus, qui ont laissé une trace dans l'histoire. Malheureusement, de toutes ces personnalités, une poignée seulement d'entre eux ont trouvé une place dans la philatélie algérienne. Même si elle est relativement plus présente, par rapport à d'autres régions de l'Algérie, la Kabylie a toujours été connue par son artisanat et ses traditions. Grâce aux artistes-peintres Ali Ali-Khodja, Mohamed Temmam, Ali Kerbouche, Bachir Yelles, Sid-Ahmed Bentounes et Kamreddine Krim, on y découvre la poterie millénaire des Maâtkas, des Ouadhias, d'Aokas et de Larbaâ Nath Irathen, les bijoux, les tenues kabyles pour hommes et femmes, le tissage de la Soummam et le tapis d'Aït Hichem sur des timbres émis depuis 1966 jusqu'à nos jours. Une seule exception inédite sera la parution d'un timbre, le 18/10/1979, sur la Sittelle kabyle, un oiseau qui n'existe qu'en Algérie, et qui avait fait l'événement mondial après sa découverte le 5/10/1975 dans la région de Djebel Babor par l'ornithologue belge Jean-Paul Ledant (l'oiseau a été baptisé en son nom). Comme l'histoire a toujours été le parent pauvre de la philatélie algérienne, on attendra le 20/8/1982 pour assister à l'émission d'une vignette pour célébrer l'anniversaire du Congrès de la Soummam, tenu au village d'Ifri, dans l'actuelle commune d'Ouzellaguen (wilaya de Béjaïa). Le même sujet sera repris le 20/8/2016, avec le dessin de la même maison, auquel on a ajouté un groupe de moudjahidine. La poste n'a jamais jugé utile de rendre hommage aux dirigeants de la Révolution qui y ont assisté, en pensant à émettre la célèbre photo collective, comme elle l'avait fait pour le groupe des six historiques et le GPRA. Seul, Amirouche Aït Hamouda (1926-1959), chef de la Wilaya III, surnommé par les Français le «loup de l'Akfadou» durant la Révolution, aura droit à un timbre le 5/7/2018 à l'occasion du 56e anniversaire de l'indépendance. En 2017, la maison qui a vu l'impression de «la Proclamation du 1er Novembre 1954 dans le village historique d'Ighil Imoula, dans l'actuelle commune de Tizi N'tleta (wilaya de Tizi Ouzou), sera à l'honneur sur un timbre émis à l'occasion du 1er Novembre 1954. De son côté, l'histoire de la résistance populaire dans la région contre l'occupation française souffrira d'un terrible embargo jusqu'au 1/11/2001, quand la Poste finira par rendre hommage à la résistance de Cheikh El Mokrani (1815-1871). Six ans plus tard, une seconde figurine sera émise à la mémoire de Cheikh Mohamed Ameziane Belhaddad (1790-1873) chef de la confrérie de Rahmania. Le chef de la rébellion dans la région de Kabylie, Mohammed Lamjad Ben Abdelmalek, dit le «Chérif Boubaghla», mort le 26 décembre 1854, ne sera tiré de l'oubli que dans un timbre émis le 5/7/2018. On remarquera l'absence de Fatma N'soumer, qui a mené la résistance contre les Français de 1854 à 1857. Le riche patrimoine culturel de la Kabylie n'est pas bien présent dans la philatélie algérienne. Parmi les hommes de culture, on retiendra uniquement quatre noms : le grand poète Si Mohand U M'hand (1840-1905), M'hamed Issiakhem (1928-1985), Mouloud Feraoun (1913-1962) et Mouloud Maâmeri (1917-1989). Insignifiant pour la terre qui a donné Cheikh El Hasnaoui, Slimane Azem, Cherif Kheddam, mais aussi Hadj M'hamed El Anka, Mohamed Iguerbouchene et d'autres. Une terre qui continuera toujours à faire de la résistance.