Le peuple algérien est amazigh arabisé par l'islam. Donc, tamazight est une réalité nationale. Nous avons toujours demandé l'officialisation de cette langue sans référendum car il s'agit d'un droit fondamental», a déclaré d'emblée, Louisa Hanoune, hier, lors d'un meeting animé à la salle de spectacle de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a ajouté, dans le même contexte, que la question identitaire est un combat commun mené par des partis politiques, des universitaires et des chercheurs. «Le 20 avril est une journée de commémoration, certes, mais on doit faire aussi le bilan des acquis enregistrés depuis 1980. Il n'y aura pas de solution à la question amazighe sans sa dimension nationale. Tamazight est une revendication de plusieurs partis, même ceux du pouvoir.» «L'enseignement de tamazight doit être obligatoire», a insisté Mme Hanoune, qui a suggéré la création d'un secrétariat d'Etat chargé de la promotion de langue amazighe. Selon elle, la question identitaire en Algérie concerne le gouvernement et l'Etat en général. La première responsable du PT a, par ailleurs, précisé qu'il y a eu manipulation lors des événements de Kabylie en 2001. Socle d'unité nationale Dans une déclaration rendue publique hier, Ali Benflis demande de son côté l'officialisation sans tarder de la langue amazighe. «La cause de l'amazighité est une cause nationale à part entière. Elle a enregistré à son actif des acquis considérables. Le plus déterminant entre eux reste encore celui de sa reconnaissance comme langue nationale et officielle du pays. La réponse à cette attente légitime a été longuement et inutilement retardée», regrette l'ancien chef de gouvernement, affirmant que «le temps de sa prise en charge effective et de sa satisfaction est venu». M. Benflis se dit convaincu qu'«il apparaîtra alors clairement à la nation toute entière que la langue amazighe comme langue officielle fera sa force, lui assurera un surcroît de cohésion et participera de la consolidation de son unité». «Pas de combat d'arrière-garde» Il estime que «la lutte politique pour la reconnaissance de l'amazighité comme une composante essentielle de l'identité nationale est partie intégrante et non séparable de la lutte pour la démocratie et les libertés». «Elle n'est pas séparable non plus de la lutte visant à imposer la reconnaissance de la citoyenneté pleine et entière comme le premier des fondements du système politique national», soutient l'ex-candidat à la présidentielle de 2014, qui précise que l'avancée enregistrée en la matière a été le fruit de luttes sans relâche de générations entières : «C'est grâce à cette lutte, à la détermination sans faille dont elle a été entourée et aux nombreux sacrifices consentis en son nom que l'amazighité a été érigée, ainsi qu'elle devait l'être, comme une dimension fondatrice de notre identité nationale et que la langue amazighe a été constitutionnalisée comme langue nationale de notre pays.» Le MDS s'associe, pour sa part, aux commémorations du Printemps amazigh et du Printemps noir. «L'heure n'est plus aux combats d'arrière-garde contre tamazight, mais à sa promotion résolue. C'est pourquoi le MDS dénonce avec vigueur les interpellations de militants qui préparaient des activités pour ce 20 avril. Elles apparaissent comme une grossière provocation», précise cette formation politique dans un communiqué transmis à notre rédaction. Pour le MDS, «il est clair qu'en commémorant avril, les citoyennes et les citoyens contrarient les manœuvres de ceux qui voudraient maintenir tamazight dans un rôle secondaire pour empêcher une appropriation moderne de l'identité nationale, une identité qui affirmerait l'algérianité». Le MDS rappelle que «les origines des mouvements d'avril 1980 et 2001 ne sont pas uniquement en Kabylie et que leur portée dépasse la seule Kabylie» et exhorte les Algériens à «peser de tout leur poids démocratique pour consacrer tamazight comme langue officielle dans la nouvelle Constitution en préparation».