Parmi les dizaines de personnes ayant écopé de la peine capitale, figure le guide suprême de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Badie. Ces condamnations doivent encore recueillir l'avis, non contraignant, du mufti d'Egypte avant d'être confirmées ou infirmée sle 2 juin. Le tribunal devait prononcer hier des verdicts dans deux procès. Le premier concernait M. Morsi et 128 coaccusés, dont des membres des Frères musulmans, du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, pour des évasions massives de prison et des attaques visant la police pendant la révolte de 2011. Dans cette affaire, des dizaines de personnes ont été condamnées à mort, dont M. Morsi, Mohamed Badie et le prédicateur islamiste qatari Youssef Al Qaradaoui. Ce dernier était jugé par contumace. Le second procès était relatif à une affaire d'espionnage, entre 2005 et 2013, notamment au profit du Hamas, du Hezbollah et de l'Iran. Seize personnes ont été condamnées à mort, dont une femme. Ceux qui ont échappé à la peine capitale dans cette affaire, comme M. Morsi, connaîtront leur sort le 2 juin. L'ex-Président et 35 autres personnes étaient accusés d'avoir fourni «des rapports de sécurité» à l'Iran et répondaient également d'espionnage en faveur du Hamas et du Hezbollah «en vue de mener des attaques terroristes dans le pays pour y semer le chaos et renverser l'Etat». Ces nouvelles peines capitales sont prononcées alors que le pouvoir du président Abdelfattah Al Sissi, l'ex-chef de l'armée tombeur de M. Morsi, mène une répression sanglante contre les Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections démocratiques après la chute de Hosni Moubarak. Amnesty International a estimé, hier, que la peine de mort est devenue «l'outil de prédilection des autorités égyptiennes pour éliminer l'opposition politique». M. Morsi avait déjà été condamné à 20 ans de prison, il y a trois semaines, dans un premier procès pour des «violences contre des manifestants» durant sa mandature d'un an. M. Morsi avait été destitué et arrêté, rappelle-t-on, sur les ordres du général Al Sissi, le 3 juillet 2013. La destitution a eu lieu après d'importantes manifestations anti-Morsi. Dans les mois qui ont suivi, policiers et soldats ont tué plus de 1400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15 000 Frères musulmans. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs et qualifiés par l'ONU de «sans précédent dans l'histoire récente» du monde. Mohamed Morsi doit encore être jugé dans deux autres procès, l'un pour «outrage à magistrat» et l'autre pour «espionnage au profit du Qatar».