Vue leur santé fragile et le poids de l'âge, le projet de la «qâada» des anciens basketteurs n'a pu se concrétiser que dans la matinée de mercredi dernier. L'hospitalisation de certains «papys» a été à l'origine des reports du rendez-vous inédit. Selon leurs témoignages, l'équipe de basket-ball du MSC (Mouloudia sportif cherchellois), créée juste après l'indépendance de notre pays, avait été constituée par des basketteurs cherchellois qui évoluaient au sein de l'équipe de la Césarienne. Hadj Omar Digou (85 ans) diffusait les succès de Hadj Hachemi Guerouabi dès l'entame du rassemblement. Ambiance châabie dans une atmosphère marquée par une émotion qui était à son comble lors de ces retrouvailles. Le «gamin» du groupe est âgé de 71 ans. Ils n'ont pas trouvé les mots pour exprimer leurs profonds sentiments. «Cette rencontre chaleureuse est une performance», nous murmure l'un des «acteurs». «Nous ne nous sommes pas revus depuis 50 années environ, merci à l'organisateur», ajoute-t-il. Mehaouchi Mohamed «Siki», Hamid Mâazouz, Merouane Khellaf, Mustapha Mostaghenmi, Smail Hamri, Merouane Aguini, Digou Omar, Ahmed Hamza ont répondu présent ; tandis qu'il manquait à l'appel Mefti Sadek, hospitalisé à Sidi Ghilès, Khellaf Mohamed et Hakem Kamel qui résident respectivement au Canada et en France. L'âge des «papys» varie entre 71 et 86 ans. Parmi le groupe excité par cette rencontre, certains étaient bavards. Eclats de rire et accolades. Les «papys» affichaient leur envie de parler et de se libérer de leurs souvenirs du début des années 1950 et les anecdotes vécues avant et après Juillet 1962. Le premier match amical du «cinq» cherchellois (MSC) avait eu lieu contre son homologue milianais (SCM) de Belhadj, en été 1962. Les membres du groupe se remémorent des moments passés avec les défunts Mehdi Ghebalou, «Did» Souilamas Mohamed, Larbi Kouache, Khellaf Amanallah, Hamdane Belkacem. L'ambiance était incroyable au sein de l'équipe de basket du MSC. La communion entre les spectateurs et les joueurs était parfaite. L'atmosphère créée sur le terrain mythique du CEG Bendifallah demeure gravée dans l'esprit des anciens basketteurs du MSC. Il ne restait qu'au «cinq» de livrer les batailles, boosté par ses supporters, pour honorer les couleurs locales, tout en respectant le fair-play. «Le président du club, Si Mohamed, grâce à l'intervention de notre responsable Mehdi Ghebalou, nous a remis une prime de 100 DA en 1963, c'est la première et dernière fois que nous avons pu bénéficier d'une prime durant toute notre carrière», nous révèle Khellaf Merouane. Le redoutable ailier, adroit et marqueur des paniers à mi-distance, en l'occurrence Mâazouz Hamid, évoquait les ruses utilisées autrefois pour déjouer la vigilance de ses adversaires. Il faisait rire la galerie de temps à autre. Les joueurs gardent en mémoire les équipes adverses d'Alger, notamment le RAMA, l'AGVGA, l'ASTA, l'USMA, l'ASPTT, le MCA, l'USHA, l'ASCFA et les équipes de Ténès et de Miliana. Les matchs étaient très disputés. «C'est notre esprit de solidarité sur et en dehors du terrain qui nous a permis d'être respectés par les équipes adverses», explique Khellaf Merouane. Trahis par leurs fragiles mémoires, les «papys» se souviennent uniquement de rares noms, tels que les frères Benmesbah, Djâafar Benmeridja du RAMA, qui arrivaient toujours à s'imposer face à leur équipe. Ils se rappellent aussi de leurs rencontres contre l'équipe de l'université du Michigan et l'équipe nationale universitaire américaine au niveau de l'unique stade de Cherchell (ex-CEG Vaneck), respectivement en 1965 et en 1966, y compris le fabuleux tournoi qui s'est déroulé à Ténès, ayant permis à certains basketteurs présents lors de cette «qâada», à l'image de «Siki», Mâazouz et Mostaghenmi de jouer contre les basketteurs tricolores. «Je veux vous parler de l'équipe féminine du MSC, explique Hamid Mâazouz, les familles nous ramenaient leurs filles au sein de notre section, voyez-vous, le MSC avait son équipe féminine», conclut-il. Souvenirs, anecdotes sont évoqués durant deux heures. Aujourd'hui, les dirigeants du club du MSC ont fait disparaître la section basket-ball et d'autres afin de s'occuper du football et bénéficier de subventions financières accordées par l'Etat, avec la complicité des autorités locales. Néanmoins, le panache des amoureux de la balle au panier a pu réunir plusieurs dizaines de jeunes de Cherchell autour d'un autre sigle, afin de perpétuer le basket-ball. Il fallait faire de «l'archéologie» pour retrouver les «papys», afin qu'ils nous parlent des instants magiques qui s'étaient noués entre eux et leurs supporters. Education saine et convivialité du basket-ball. La réhabilitation du sport s'impose à Cherchell.