Dans les années 1970-1980, la SNVI et d'autres secteurs ont connu une première génération de grèves. Il s'agissait de grèves « expressives » : elles reflètent une classe ouvrière inexpérimentée, la durée du débrayage est courte et le mouvement non généralisé, les revendications sont orales et pas claires donc pas négociables. Nous sommes alors dans une situation où les grèves sont interdites et où les grèves sont menées par des « leaders » qui oscillent entre syndicalisme et opposition (berbéristes, trotskystes, pagsistes, islamistes, etc.) Les autorités interviennent en proposant unilatéralement des solutions salariales lors d'assemblées générales. Ces grèves durant les années 1970-1980 sont répétitives : sans revendications claires, sans négociations, la contestation est automatiquement reconduite. A partir des années 1980, la classe ouvrière passe à des grèves « instrumentales » : plus longues car dépendantes de l'avancée de négociations basées sur des revendications claires, écrites et concrètes. C'est une classe ouvrière qui a accumulé une certaine expérience et qui avance des représentants des travailleurs connus et identifiés. Mais aujourd'hui, la symbolique des grands complexes comme la SNVI n'est plus la même. Les travailleurs de la SNVI gardent une fierté d'appartenir à un gigantesque complexe, souvent visité par Boumediène et des présidents étrangers. Les ouvriers, qui habitent les 100 km à la ronde, sont fiers de leurs bleus de travail estampillés SNVI, leurs bus de transport qui viennent les prendre au village le matin, l'organisation moderne du travail, etc. Maintenant, les choses ont changé : avec le secteur privé et la montée du secteur tertiaire, le secteur public a perdu de sa force de pression. C'est pour cela que les syndicalistes doivent aujourd'hui penser à changer leur mentalité.