La revendication salariale gagne le secteur des industries mécaniques. Même si la contamination par le mouvement de grève des enseignants n'est pas si évidente, les travailleurs du complexe des véhicules industriels de Rouiba (Snvi) en arrêt total de travail depuis samedi dernier, y font constamment référence. Lors de notre virée hier sur place, il était facile de constater que le débrayage a tourné carrément à la grève que la Direction générale du complexe et le partenaire social, essayent par tous les moyens de tuer dans l'oeuf, sinon de ne point médiatiser. Dans les faits, ce sont entre 3000 et 4000 travailleurs de pas moins de 5 unités du complexe sur un effectif d'environ 6000 à 7000 qui, las d'attendre depuis trois ans la révision de la convention collective de l'entreprise, sont passés à l'action revendicative depuis trois jours à travers sit-in et arrêt du travail et de la production. Selon un groupe de travailleurs que nous avons pu d'ailleurs difficilement approcher au travers d'une grille métallique entourant le complexe, ces derniers réclament 2000 DA d'augmentation à inscrire dans le salaire de base et non sous forme d'indemnité dans laquelle ils ne voient que «ruse» et «manoeuvre» D'après eux, la Direction leur propose un montant qui se situe entre 625 et 800 DA seulement, alors que dans le même temps, beaucoup de travailleurs sont tout juste au niveau du Snmg. Autrement dit, et comme on le voit, les exigences financières des travailleurs ne semblent pas exorbitantes dans la mesure où ces derniers ne demandent qu'une révision du volet relatif aux rémunérations de la convention collective pour l'ensemble du personnel comme cela s'est déjà fait dans d'autres secteurs économiques. Lorsque nous avons tenté de connaître le point de vue de la Direction générale sur ce mouvement de grève, toutes les portes se sont subitement fermées et les responsables injoignables. Pourtant, celle-ci d'habitude était si prompte à ouvrir les portes de la communication avec les gens de la presse lorsqu'il s'agissait de faire la promotion de l'image de l'entreprise ou de sensibiliser l'opinion publique nationale aux difficultés financières de l'entreprise. Sous prétexte de réunions ou de négociations en cours avec le partenaire social, la DG n'a pas voulu donner son point de vue sur cette grève qui a toutes les apparences d'être sauvage, sinon le résultat d'une effervescence qui dure depuis des semaines. Le partenaire social, en l'occurrence le syndicat d'entreprise affilié nous dit-on à la fédération des industries mécaniques de l'Ugta, semble de l'avis des travailleurs «affaibli, voire en dehors de la décision de conduire cette grève». Ces derniers reprochent à leur syndicat et à la centrale de n'avoir pas su ou pu à temps ramener les augmentations de salaires enregistrés au sein des autres secteurs de la vie économique et sociale du pays (travailleurs de la fonction publique, enseignants de l'éducation nationale...) et ainsi éviter la situation d'aujourd'hui. En tous les cas, hier les grévistes ont clamé qu'ils comptaient poursuivre leur mouvement et leurs actions jusqu'à la satisfaction de leurs revendications salariales. Les pourparlers commencés la semaine dernière entre le syndicat de l'entreprise et la Direction n'ont jusqu'à présent pas permis d'éviter ce conflit social qui a pour théâtre un site important du tissu industriel du pays. Bref, le bout du tunnel semble encore loin, surtout que cet épisode d'une nouvelle grève à la Snvi survient dans un contexte de revendications salariales sans précédent de la part du monde du travail algérien.