Le débat sur la périodicité du déroulement de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) est remonté à la surface à la faveur des sorties mitigées, pour ne pas dire plus, de quatre des cinq équipes africaines qualifiées au Mondial sud-africain, sans oublier bien sûr le pays de Nelson Mandela, qualifié d'office. Cabinda (Angola). De notre envoyé spécial Les contre-performances de l'Algérie, de la Côte d'ivoire, du Nigeria et du Cameroun, en attendant le Ghana qui sera de sortie ce soir face aux Eléphants lors de leur premier match, ont renforcé les convictions et les rangs de ceux qui plaident en faveur du décalage de cette compétition à une année impaire afin de protéger les sélections africaines qualifiées à la Coupe du monde. Le débat n'est pas nouveau. Depuis une dizaine d'années, des techniciens demandent aux responsables du football africain de revoir les dates du tournoi africain et si possible les éloigner suffisamment de celles du mondial afin que les staffs et les joueurs puissent jouir de plus de temps pour la préparation de la Coupe du monde. Des études ont été effectuées sur le sujet et démontré son bien-fondé. Basée sur l'aspect technique d'abord, la revendication n'a pas trouvé d'oreille attentive et l'attention souhaitée. Le sélectionneur algérien, Rabah Saâdane, l'a souvent évoqué dans ses déclarations après la qualification de l'Algérie au Mondial 2010. Tous les entraîneurs s'accordent sur un point : il est extrêmement difficile d'effectuer deux lourdes préparations (CAN et Coupe du monde) au cours d'une même année. 2010, par exemple, est une saison charnière pour les mondialistes africains qui, à l'exception des Bafana Bafana, sont tous présents en Angola. Participer à la CAN nécessite une lourde préparation qu'il faudra renouveler au sortir du printemps prochain, c'est-à-dire dans trois ou quatre mois. Les organismes des joueurs « digéreront » difficilement deux charges de ce volume. Sans parler des autres aspects, pas négligeables du tout, comme le mental, l'état psychologique, la pression et le stress… Après plusieurs années de maturation du projet, la confédération africaine de football (CAF) semble être convaincue de l'inéluctabilité de sa concrétisation un jour ou l'autre. Selon des observateurs très au fait des arcanes du football continental, la CAF s'y est déjà mise. Elle a ouvert ce chantier, sans faire trop de bruit pour garantir les meilleures chances de réussite, loin de tout tapage. Il n'est pas exclu du tout que ce point soit abordé lors de la prochaine réunion prévue le 28 janvier à Luanda. Soucieuse de protéger ses représentants à la Coupe du monde, la CAF peut prendre tout le monde à contre-pied en annonçant, par exemple, l'entrée en vigueur de la nouvelle mesure, une CAN durant une année impaire, à partir de 2013. Une telle décision impliquera, bien sûr, une réorganisation totale du calendrier des compétitions interclubs et celles des équipes nationales. Chose qui ne fait pas peur à la Confédération qui maîtrise parfaitement ce volet. Il lui échoira de le confectionner, le présenter et l'adopter. Ainsi, le calendrier international sera scindé en deux parties. La première sera consacrée aux qualifications à la Coupe d'Afrique et elle aurait lieu durant une année paire, par exemple en 2012 pour la CAN 2013. La deuxième concernera les éliminatoires de la Coupe du monde 2014 au Brésil qui pourront commencer après la CAN 2013 (janvier) et s'étaleront ainsi sur quinze mois, de février 2013 à mai 2014. Faire jouer la CAN pendant une année impaire entraînera donc un bouleversement du calendrier international, un chapitre qui faisait partie du programme de campagne du candidat Blatter à l'élection au fauteuil de président de la FIFA. Dans la pratique, l'harmonisation du calendrier international a peu servi les sélections (africaines) et a fait, seulement, le bonheur des puissants clubs européens. A maintes reprises, les Européens ont tenté « d'expliquer » aux Africains que leurs (gros) intérêts étaient en contradiction avec une CAN tous les deux ans. Pour eux, l'idéal serait qu'il y ait la CAN une fois tout les quatre ans. Les Confédérations ne sont pas contre la récupération d'une partie de leurs prérogatives englouties par la FIFA. Le chevauchement de deux compétitions en même temps (éliminatoires CAN et Coupe du monde) a posé problème, par exemple, dans le chapitre disciplinaire : il y avait deux règlements (Caf, FIFA) avec des spécificités particulières. Toutes ces données vont finir par conduire la Confédération africaine de football à privilégier ses propres compétitions et aussi protéger ses équipes représentatives en Coupe du monde. Le cri de cœur poussé par les mondialistes présents en Angola sera-t-il rapidement entendu ? Réponse les 29 et 30 janvier, à l'occasion de l'ouverture de la 27e assemblée générale de la CAF qui sera suivie par la réunion du comité.