Bien sûr, le palmarès de l'Argentine n'est pas tout à fait vierge depuis 1993 et cette Copa America empochée en Equateur. L'Argentine a également été championne olympique en 2004 et 2008, avec ses espoirs. Mais rien pour les stars, avec deux finales de Copa perdues — en 2004 au Pérou et en 2007 au Venezuela — et cette finale de Coupe du monde, l'été dernier au Brésil, lâchée face à l'Allemagne (1-0). Certes, l'Argentine s'est vengée depuis en infligeant leur première défaite en septembre aux tous nouveaux champions du monde (4-2). Mais il reste maintenant à gagner un titre. Et pour cela le sélectionneur Gerardo Martino, successeur d'Alejandro Sabella après le Mondial, n'a que l'embarras du choix côté attaquants : Lionel Messi, le petit génie du FC Barcelone, Sergio Aguero, le meilleur buteur de la Premier League avec Manchester City, le buteur napolitain Gonzalo Higuain, Carlos Tevez dit l'Apache de la Juventus, les atouts sont là. L'abondance de talents est telle sur le front de l'attaque que le comeilleur buteur du Calcio, Mauro Icardi (Inter Milan, 22 buts), n'a encore jamais été convoqué en équipe d'Argentine, payant ses fréquentes apparitions dans la presse people. Point faible, la défense L'attaque argentine est donc irrésistible, au moins sur le papier. Mais elle ne peut pas gagner les matchs à elle seule, sans fondations solides. Derrière le capitaine Messi, le patron du vestiaire et leader du milieu de terrain est Javier Mascherano, avancé d'un cran par rapport à son poste en défense centrale avec le Barça. Avec en prime Angel Di Maria, malgré une saison en demi-teinte à Manchester United, l'équilibre de l'équipe est assuré au milieu. Au poste de gardien, l'ancien monégasque Sergio Romero est lui indiscutable depuis ses prestations au Mondial et ces deux tirs au but arrêtés face aux Pays-Bas en demi-finale. Mais l'Argentine a un point faible : sa défense. Et «Tata» Martino l'ancien barcelonais confie son malaise quand son équipe recule : «Quand le ballon est près de notre ligne, je ne suis pas tranquille. Et cela n'a rien à voir avec le niveau des joueurs.» Ni Pablo Zabaleta (Manchester City) et Marcos Rojo (Manchester United) dans les couloirs, ni la charnière composée d'Ezequiel Garay (Zenit Saint-Pétersbourg) et, alternativement, du vétéran Demichelis ou du Valencian Nicolas Otamendi, n'ont jusqu'ici donné pleine satisfaction. Défense ou pas, l'Argentine ne veut pas repartir une nouvelle fois bredouille. «Depuis 2002, souffle Martino, j'entends dire que c'est le moment et je crois que l'Argentine d'aujourd'hui est dans un grand moment, j'espère que nous saurons en profiter.» L'obligation de gagner Demichelis, le défenseur central de Manchester City, ne fait pas non plus mystère de ses ambitions. «Nous sommes un des fermes candidats au titre, car cette équipe a montré qu'elle a du talent, dit-il. La pression ? Nous l'avons de manière constante, nous jouons tous dans des clubs importants.» Meilleure équipe latino-américaine du Mondial, l'Argentine sait que cette Copa America est à sa portée. Mais la tâche sera ardue car la Copa 2015 est exceptionnellement relevée, avec sept équipes mondialistes (Brésil, Argentine, Colombie, Mexique, Uruguay, Chili, Equateur). «Si cette génération ne gagne rien, nous allons nous en vouloir toute notre vie, confie Sergio Aguero. Si on enlève la Copa America, cela atténuera peut-être un peu la déception du Mondial.» «On a presque l'obligation de la gagner», plaisante Gerardo Martino, qui veut réussir là où ont échoué Sabella mais aussi Marcelo «El loco» Bielsa, José Pekerman, Alfio Basile, Sergio Batista et Diego Maradona. Contre la Bolivie samedi, sans Messi ni Tevez, Agüero (triplé) et Di Maria (doublé) ont montré qu'ils étaient en forme et capables de relever le défi. Au Chili, cela commencera par le groupe B, avec le Paraguay samedi, avant l'Uruguay et la Jamaïque