Un sourire radieux, comme celui du soleil illustrant, avec un clin d'œil malicieux et complice, les dessins pour enfants. Un sourire rassurant, si proche de l'enfance-innocence et de l'adulte au bon cœur, rappelant celui, presque imperceptible, au charme ravageur, de Jean-Paul Belmondo. Celui, éclatant, félin même, de Burt Lancaster, dans Vera Cruz de Robert Aldrich, un western à revoir sans modération mais avec méditation. Celui, inextinguible alors, de Giuliano Gemma, sémillant acteur adulé autrefois par les cinéphiles, tour à tour gladiateur ou cow-boy. Un sourire pour apaiser l'angoisse de L'incompris de Luigi Comencini et ne pas oublier les facéties de Charlot garçon de café, annonçant en quelque sorte que «La classe ouvrière va au paradis», le film militant d'Elio Pétri. Un sourire avenant pour Les émigrants de Jan Troell, un film toujours d'une actualité amère, insupportable et qui laisse perplexe devant le comportement incompréhensible des humains à l'humanisme feint. Une invite au bonheur de voir des images à profusion, illustrations lumineuses des cultures diverses et constructives des peuples en évolution continuelle de tous les continents… sauf Africa. Absente car aucune image (pourtant par myriades), aucun son (pourtant le chant du monde), aucun mot (pourtant semés à tout vent), à la véritable tribune du cinéma mondial : la Sélection officielle. Le reste n'est que probable prochainement sur cet écran. Africa, berceau de l'humanité où le sourire n'a pas encore chassé la nuit perpétuelle. Africa, où, pour notre malheur, on ne raconte plus nos contes riches en personnages hauts en couleur, en rebondissements inattendus, en exemples à suivre… Surgissant dans le silence calciné des steppes, un coup de canon tonne au loin. Les oiseaux quittent leurs nids. Le tronc, perforé par un obus, collatéral mais précis, un baobab, vieux comme Africa, laisse couler goutte à goutte sa sève. Un enfant pleure près d'une hutte abandonnée, sur le seuil de la porte, le corps recroquevillé, sans âme, d'une fillette qui n'a pas eu le temps d'amorcer un sourire, ce don précieux du ciel. La savane se vide. La guerre a remplacé la paix et le cinéma attendra… Suite et fin.