Depuis la création du monde, ou du moins de l'Algérie, les catégories sont bien établies, aussi sûrement que dans un bidon d'essence où les impuretés restent en bas. Une autocratie horizontale dans laquelle les hommes, les frères, les demi-frères, les quarts de sœurs, les cousins, les amis du village ou encore d'école (pour ceux qui y ont été) se partagent en altitude les ressources par activation des coudes. Depuis le scandale de Sonatrach, il s'avère que ces réseaux, même si on le savait déjà, agissent aussi par activation des pieds (non, nous n'allons pas parler de football). Cette excroissance verticale est représentée par les enfants du PDG de Sonatrach, accusés eux aussi d'avoir trempé leurs doigts dans le gros baril. Ils ne sont pas les seuls, des enfants de ministres, de généraux ou de hauts fonctionnaires se retrouvent à la tête de fortunes sans autre mérite que d'être l'enfant de quelqu'un qui est un quelqu'un quelque part. L'autocratie horizontale s'est donc doublée d'une autocratie verticale, l'Algérie fonctionnant comme une grille de mots croisés où les définitions se font par décret, les cases noires représentant tous les citoyens exclus de la solution et le reste, un réseau horizontal d'une minorité capitalistique qui se partage le gâteau avec le réseau vertical pour en faire profiter ses enfants. La troisième étape devrait être celle-ci : le réseau vertical développe une excroissance horizontale, c'est-à-dire que les enfants touchés par la grâce constituent eux-mêmes un réseau horizontal en faisant profiter les amis. Quelle serait la quatrième ? Que ces réseaux horizontaux créés par la verticalité accouchent de réseaux verticaux pour remonter vers leurs aînés. En gros, que les amis des enfants de dirigeants aident leurs propres pères à en profiter. Ce n'est pas clair ? Normal, qui a déjà réussi à terminer une grille de mots croisés ?