Résumé :Mohamed à peine adolescent est initié par les siens aux rudes travaux des montagnards. On ira même jusqu'à lui apprendre à traquer et à chasser le gibier. À la mort de son grand-père il hérite du fusil de ce dernier… 3eme partie Les frères et les cousins s'offusquèrent de ce leg qui devait en premier lieu revenir aux plus âgés. Ce fut la première faille. Mohamed ne se doutant de rien et fier comme un paon ne cessait d'exhiber l'arme. Il l'avait si bien frottée et huilée qu'elle brillait comme une pierre précieuse entre ses mains. Ce fut la goutte qui fera déborder le vase. Les cousins le renièrent et refusèrent de lui adresser la parole. Par contre, ses demi-frères, devant le regard courroucé du père, ne purent qu'accepter la mort dans l'âme cette bizarre décision du grand-père, qui leur avait préféré le dernier rejeton. Mais les temps démontreront par la suite que le vieil homme savait pertinemment ce qu'il faisait. Des années passent. Mohamed devint un très bel homme. Fort athlétique, le regard déjà sévère et la démarche sûre. Il était l'ami des pauvres et des malheureux. Et sa bravoure avait dépassé les frontières de son village. Combien de fois n'est-on pas venus le solliciter pour mettre fin à une rixe au café ou à un malentendu que même les plus vieux n'arrivait pas à démêler. Toujours prêt à venir en aide aux opprimés et à ceux dans le besoin, Mohamed était craint et fort respecté. Et cela dura jusqu'à la mort de son père. Alors qu'il venait d'avoir ses vingt ans, le jeune homme perdit son géniteur. Le coup est dur pour lui. Il ravale sa peine et tente de consoler sa mère et ses sœurs qui n'avaient plus personne vers qui se tourner. Ses demi-frères n'ayant pas encore oublié la gaffe du grand-père s'étaient détournés de lui. Et pour se venger, ils s'étaient mis d'accord sur le partage des biens de la famille. Profitant du chagrin de Mohamed, qui ne s'attendait pas du tout à un tel coup, ses demi-frères se partagèrent les meilleurs terres agricoles, la ferme, le bétail, les récoltes et l'argent et ne lui laissèrent qu'une petite parcelle de terre rocheuse, sur laquelle ne pouvaient pousser dans les meilleures saisons de l'année que quelques ronces. Malgré les réticences des sages de la djemaâ et les mises en garde des proches et des fidèles de la famille, les grands frères prirent chacun son dû, si on peut appeler ce partage anarchique un dû, et se taillèrent avant que “le lion” ne se réveille de sa torpeur. En fait, tout ce beau monde avait peur de la réaction de Mohamed. Si bien que la plupart des hommes déracinèrent leurs familles et quittèrent le village, non sans avoir au préalable vendu leurs terres et la ferme pour une bouchée de pain. La mère de Mohamed avait beau les supplier, mais, que peut faire une femme, âgée de surcroît, devant la vantardise de quatre hommes dans la force de l'âge. En fait, elle-même appréhendait la réaction de son fils, quand il viendra à apprendre ce qui s'était passé alors qu'il était rongé par le chagrin et la perte de son père. Quelques jours passent. Mohamed émerge de sa torpeur et reprend ses esprits. Il quitte finalement la chambre où il s'était réfugié des jours durant et demande qu'on lui prépare un bain. Il se lave et rase sa barbe de plusieurs jours, signifiant la fin du deuil pour lui, puis descend au village. Quelques amis de la famille s'approchèrent de lui pour le saluer. Mais il remarque tout de suite leur air affligé et flaire le “coup monté”. Il se rendit alors à la djemaâ et demande à parler aux sages. Fidèles à leurs serments, ces derniers tentèrent de présenter les choses sous la meilleure forme qui soit. Prétextant son jeune âge et le droit d'aînesse de ses frères, ils allèrent jusqu'à lui proposer des lopins de terre qui n'étaient plus travaillés depuis des années vu que leurs propriétaires n'étaient plus de ce monde. Mais c'était compter sans la fierté de l'homme. Rouge de colère et d'indignation, il ne verra tout d'abord que de la lâcheté dans le comportement de ses aînés qui, au lieu de le réconforter, n'ont fait que démontrer leur haine envers lui. Y. H. (À suivre)