Cette annonce, qui va entraîner la réouverture des ambassades des deux pays prévue vers le « 20 juillet », était attendue depuis que Washington avait retiré, fin mai, La Havane de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme. Depuis 1977, les deux pays, séparés seulement par le détroit de Floride, sont chacun représentés via des Sections d'intérêt à Washington et La Havane, chargées essentiellement de tâches consulaires. « Il y a une histoire compliquée entre les Etats-Unis et Cuba (…) mais l'heure est venue d'entamer un nouveau chapitre », expliquait le 17 décembre dernier M. Obama, constatant sans détour l'échec d'un demi-siècle d'isolement du régime communiste. A 18 mois de son départ de la Maison Blanche, le 44e président des Etats-Unis entend consolider cette initiative majeure de sa politique étrangère à laquelle une large majorité d'Américains sont favorables. L'exécutif américain a, à plusieurs reprises, évoqué la possibilité d'une visite de M. Obama à Cuba en 2016. Le chef de la Section d'intérêts américaine à Cuba, Jeffrey DeLaurentis, devait remettre mercredi au gouvernement cubain une lettre de M. Obama sur la réouverture d'ambassades. Au-delà du rétablissement des relations diplomatiques, demeure l'épineuse question de l'embargo, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996. Toujours en vigueur, cet embargo américain total sur les transactions économiques et financières avec Cuba est régulièrement dénoncé par La Havane comme un obstacle au développement de l'île. La nomination d'ambassadeurs permettra d'améliorer les relations entre les deux pays, mais «la normalisation est un autre sujet», a d'ores et déjà averti le président cubain Raul Castro. Le Président Obama a demandé au Congrès, dont les deux chambres sont contrôlées par ses adversaires républicains, de travailler à la levée de cet embargo. Mais l'issue des discussions en cours est incertaine et le processus législatif s'annonce long. Depuis 50 ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré, pour la grande majorité aux Etats-Unis. Si certains représentants de la première vague d'exilés restent farouchement opposés à tout rapprochement avec le régime de La Havane, les immigrés plus récents, ont de leur côté conservé de solides attaches dans l'île et ont accueilli beaucoup plus favorablement l'annonce d'un dégel.