«C'est comme s'il ne s'était rien passé», confie une responsable de l'agence Azhari Travel. «Nous n'avons eu aucune annulation.Bien au contraire, nous avons enregistré de nombreuses réservations cette semaine», indique la responsable. Alors que Sousse a été vendredi le théâtre d'une attaque terroriste qui a coûté la vie à 38 touristes, les agences de voyages algériennes continuent de proposer la Tunisie à leurs clients. «Nous avons déjà acheté les billets et nous devons impérativement les vendre !», argumente une responsable de l'agence Pegasus Tours. Les Algériens de leur côté ont été les premiers à soutenir le peuple tunisien, affirmant qu'ils «envahiront» les plages tunisiennes dès que le Ramadhan sera terminé. «Je maintiens ma réservation pour 15 jours de vacances à Hammamet, affirme Farid, un Algérois de 42 ans. Je pars en compagnie de toute ma famille et nous ne laisserons personne gâcher nos vacances et surtout pas par des énergumènes comme eux.» Farid n'est pas un cas à part. La menace de Daesh ne fait pas peur, non plus, à Amel, une jeune Algéroise de 25 ans. «Je pars en Tunisie après le Ramadhan, car mon voyage a été programmé depuis l'hiver dernier, confie-elle. Je n'ai pas changé d'avis ; ils ne me font pas peur.» Solidarité De son côté Aïssa, 23 ans, de Guelma affirme : «Cela fait deux mois qu'on a décidé de partir, mes amis et moi. Même si au départ, notre choix ne s'est pas porté sur Sousse, nous avons changé nos plans pour y séjourner durant les vacances pour être solidaires avec nos frères tunisiens. Ce qui s'est passé ne m'a pas fait changer d'avis, car mourir en Algérie ou en Tunisie c'est la même chose.» Plusieurs agences de voyages assurent que les réservations ne font qu'augmenter, à l'image d'African Travel : «La demande est toujours là. La Tunisie reste la destination la plus demandée par les Algériens et nous n'avons enregistré que deux annulations.» Même constat pour l'agence Dima Voyage : «Nous n'avons eu que trois annulations mais bizarrement nous avons enregistré plus de réservations.» Alors pourquoi les Algériens maintiennent leurs vacances en Tunisie ? Est-ce seulement par solidarité ? Massinissa Hamdis, responsable de l'agence Cherchell Tours, répond : «D'après mon expérience, je sais que les Algériens continueront à partir en Tunisie, malgré ce qui s'est passé vendredi dernier, parce qu'ils n'ont pas où aller et que côté prix, cela les arrange.» C'est justement pour cette raison que Omar et ses amis ont décidé de partir. Ils confient : «Il faut en profiter. C'est une occasion en or pour séjourner dans un hôtel 5 étoiles à moindre coût.» Alors que la ministre du Tourisme tunisien, Selma Elloumi, a mis en place bon nombre de mesures pour sauver la saison estivale, telles que l'annulation du timbre fiscal imposé aux étrangers à leur sortie du territoire, l'entrée sans visa pour les touristes venus de pays comme la Russie, l'Angola et le Burkina Faso, ou encore la réduction de 30% des tarifs de transports aérien et maritime pour les Tunisiens résidant à l'étranger, il semblerait que cela n'a pas suffi à attirer les touristes étrangers, nombreux à annuler leur séjour. La ministre tunisienne estime à 450 millions d'euros «le risque de pertes dans le secteur du tourisme en Tunisie suite à l'attentat de Sousse.» Hôtels Selma Elloumi a eu une pensée particulière pour les Algériens, et a prévu beaucoup de facilités, notamment la réduction dans les tarifs des hôtels. Selon elle, les Algériens peuvent séjourner une semaine dans des hôtels 4 et 5 étoiles pour moins de 150 euros. Si ces tarifs semblent imbattables, les agences de voyages algériennes continuent d'affirmer que les prix restent stationnaires. «Il n'y a eu aucun changement dans les prix. Il faut compter 65 000 DA pour passer une semaine dans un hôtel 4 étoiles en demi-pension» indique une responsable de Dima Voyage. De même pour l'agence Ikram Tour ou encore African Travel. Dejla Dhrif, manager du Sheraton hôtel à Tunis affirme : «En ce qui concerne les tarifs, nous avons maintenu la même politique de vente et des tarifs mis en place avant ce qui s'est passé à Sousse.» Dalila, mère de famille, estime qu'«il serait plus judicieux de baisser les prix afin que tout le monde en sorte gagnant. Nous, on passerait des vacances à moindre coût et les hôtels ne seront pas obligés de fermer».