Ce regroupement voulait « exprimer sa solidarité avec les victimes mozabites, dénoncer l'indifférence et le silence des intellectuels et le parti-pris ou l'incompétence du pouvoir algérien », selon le document distribué par les organisateurs. La porte-parole du Collectif, Djamila Addar, explique qu'il n'y a aucune hiérarchisation parmi les victimes des événements de Ghardaia même si le rassemblement ne parle que des Mozabites. En effet, sur les 24 morts enregistrés ces derniers jours, 12 sont mozabites et 12 ou chaambis (arabes). « Nous parlons de Mozabites parce que ce sont eux qui disent qu'ils se font tuer et que leurs maisons brûlent. Les autres, nous ne les avons pas entendus. Ils n'ont rien dit », ajoute la porte-parole du Collectif. « Que ce soit de l'un ou de l'autre côté, pour nous les victimes sont algériennes », nuance-t-elle. « L'Algérie se portera mieux quand on se dira les quatre vérités, continue Djamila Addar. Il faut que les gens comprennent et admettent que les Mozabites sont des amazighes. Ils ont un rite confessionnel différent de celui de la majorité des Algériens. Mais ils ne sont pas moins algériens que nous. Ou moins musulmans que les autres musulmans algériens. On parle bien français mais nous ne le sommes pas. Alors pourquoi dire que nous somme arabes parce que nous parlons arabe ? » Les présents scandaient « pouvoir assassin » ou « Assa Azekka Amazigh yella yella » en brandissant des pancartes dénonçant « l'impunité » et qui appellent à « libérer les détenus ». Sur d'autres pancartes, on pouvait lire, entre autres, « Halte au massacre des Mozabites », « ONU, ou êtes-vous ? ». Plusieurs personnes ont pris la parole. L'une d'elles a expliqué à l'assistance qu'elle répond toujours présent quand une partie de l'Algérie est touchée. Des participants brandissaient aussi des drapeaux amazighs. Dans le lot, le drapeau du MAK et une absence remarquée du drapeau algérien. Bien que les organisateurs aient insisté sur le caractère non partisan du rassemblement, il leur sera un peu difficile de passer le test de la cohérence vu les réactions qui ont déjà commencé sur les réseaux sociaux.
Les Mozabites du Canada D'ailleurs les Mozabites du Canada n'étaient pas présents au rassemblement. Contacté par El Watan, un porte parole de la communauté mozabite, Mustapha Loulou a expliqué que « les gens ont la liberté de prendre la décision qui leur convient du moment que c'est une action citoyenne qui n'a aucune connotation politique » avant de reconnaître qu'il « y a une crainte que ce soit récupéré par le MAK ». La communauté mozabite du Canada a rendu public un communiqué dans lequel elle appelle l'Etat algérien à prendre « ses responsabilités afin que la sécurité des biens et personnes soit garantie et que la justice prenne toute sa place ». Pour arriver à une paix durable « il est impératif et urgent d'adopter une politique de lutte contre le racisme, contre le discours haineux et contre la précarité sociale, culturelle et économique; et de promouvoir un système éducatif fondé sur l'éthique, le civisme, le respect et la tolérance », ajoute le communiqué. Les Mozabites du Canada rappellent que « voilà plus de deux ans que le Mzab vit au rythme de la violence. Atteinte aux vies humaines; dignité humaine bafouée ; biens et patrimoine saccagés. Ni l'Homme, ni l'animal et ni la nature n'ont été épargnés d'une violence meurtrière qui fait de plus en plus de victimes. Des hommes et des femmes atteints dans leur vie, dignité et sécurité. Les morts se comptent par dizaines, les blessés par centaines et les maisons et commerces vandalisés par milliers. Un patrimoine millénaire saccagé. Des palmerais aménagées au prix de sang et de vies, détruites et incendiées. Des faux barrages dressés un peu partout. De paisibles personnes se font immoler en plein jour ». Ils mettent en garde contre « le terrorisme qui secoue le Mzab et par conséquent menace toute l'Algérie ». « Avons-nous conscience que le Mzab est partie prenante de l'Algérie? Avons-nous conscience qu'à travers le Mzab, c'est toute l'Algérie qui est visée? Avons-nous conscience que quoi qu'il arrive au Mzab, c'est toute l'Algérie qui paierait le prix? », rappellent-ils.