Des milliers de personnes ont pris part aux deux marches organisées par le parti dans le cadre de la célébration du Printemps berbère. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a célébré le 37e anniversaire du Printemps berbère en organisant deux marches populaires, l'une à Béjaïa et l'autre à Bouira. Il en a programmé une troisième pour aujourd'hui à Tizi Ouzou. La marche de Béjaïa a drainé des milliers de militants et de sympathisants du parti qui ont afflué pour battre le pavé, comme de tradition, les 20 Avril. La manifestation, la deuxième à avoir été organisée dans les rues de Béjaïa ce jour, a été marquée par la présence du président du RCD, Mohcine Belabbas, qui a pris la tête de la marche aux côtés des élus et autres responsables du parti. Et comme ce dernier devait enchaîner avec un meeting électoral dans l'après-midi, à 14h, au niveau de la Maison de la culture, les organisateurs ont décidé que la marche ait lieu aux environs de midi sur un autre itinéraire au lieu de l'habituel. La marche s'est ébranlée vers 12h30 depuis le Théâtre régional Malek-Bouguermouh en direction de la maison de la culture Taous-Amrouche où était prévu, donc, le meeting du président du parti, Mohcine Belabbas. Organisés en carrés, les manifestants ont brandi les emblèmes national et amazigh. "Assa azekka, le RCD yella yella" (aujourd'hui, demain, le RCD sera toujours là), "Pouvoir assassin", "Mazalagh d-imazighen" (nous sommes toujours des Amazighs) seront autant de slogans scandés sur tout l'itinéraire, long de près de cinq kilomètres. Arrivée au niveau des feux tricolores du bloc administratif, la procession de marcheurs, encadrés par un service d'ordre infaillible, a préféré prendre l'autre voie de la rue de la Liberté pour éviter de croiser les manifestants du MAK, rassemblés au même moment au niveau de la place Saïd-Mekbel. Et prévenir ainsi tout incident qui pourrait être provoqué ou instigué et qui serait fâcheux aussi bien pour les militants du MAK que pour ceux du RCD. Il faut dire que des deux côtés, les services d'ordre ont tout fait pour éviter tout accrochage entre manifestants, et ce, "au grand dam de ceux qui manifestement n'attendaient que cela pour se réjouir", a déclaré un candidat du RCD. Aussi, les manifestants du RCD ont poursuivi leur marche dans la sérénité jusqu'à la maison de la culture Taous-Amrouche, enceinte à l'intérieur de laquelle ils se sont engouffrés, toujours dans le calme, pour assister au meeting électoral du président du parti, Mohcine Belabbas. Il y a lieu de noter singulièrement la participation à cette "marche citoyenne" du RCD, dans les rues de Béjaïa, de nombreux anciens militants et d'anciennes figures du parti, qui avaient déserté le parti alors qu'elles avaient, pour certaines de ces figures de proue, structuré le parti dans la région depuis sa création en 1989. Beaucoup de ces militants et anciens cadres du parti à l'échelle locale s'étaient éclipsés, pour certains, depuis le milieu des années 1990, d'autres au début des années 2000. À Bouira, la marche du RCD, conduite par les candidats du parti aux élections législatives du 4 mai prochain, a démarré, aux environs de 11h, de la placette des Martyrs pour se diriger vers le siège de la wilaya. Tout au long de l'itinéraire, les participants n'ont eu de cesse d'accabler le pouvoir, en réclamant une officialisation "effective" de tamazight. "Tamazight est la seule constante dans ce pays, depuis des millénaires. L'officialisation de tamazight n'est qu'un leurre. Le pouvoir en place veut aller plus loin en tentant d'accaparer le 20 Avril 1980", déclare Yahia Akkache, tête de liste RCD à Bouira. Pour Chaâbane Meziane, P/APC de Haizer et second sur la liste RCD, "le pouvoir, par l'officialisation factice de tamazight, cherche à leurrer l'opinion", a-t-il fait remarquer. À proximité du pont Sayeh, les marcheurs ont observé une halte pour scander à l'unisson un retentissant "Assa Azekka, Sadi yella yella" (aujourd'hui, demain, il y aura Saïd Sadi). Il y a lieu de noter également que les fameux slogans "Corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe" ou encore "Bouteflika-Ouyahia, houkouma irhabiya" (Bouteflika-Ouyahia, gouvernement terroriste) et le non moins célèbre "Pouvoir assassin" ont été scandés à tue-tête par les marcheurs. Une fois arrivés devant le siège de la wilaya de Bouira où un imposant dispositif sécuritaire les attendait, les organisateurs prendront la parole pour dénoncer "les abus du pouvoir", tout en affirmant que l'Algérie et la Kabylie "n'oublieront jamais, au grand jamais les exactions des Printemps 1980 et 2001". L. OUBIRA/B. Ramdane