Si ce n'est les deux heures durant lesquelles l'itinéraire le plus emprunté de la ville des Genêts a été bloqué à la circulation automobile, les deux marches organisées hier à Tizi Ouzou à l'appel du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) sous la casquette de la CNCD sont passées dans l'indifférence totale. C'est à l'occasion de la commémoration du 31e anniversaire du printemps berbère que le MAK a appelé à une marche pour la «dignité». Mais «les 70 000 marcheurs» annoncés précédemment par le chargé de l'organique du mouvement de Ferhat Mehenni, M. Bouaziz Ait Chebib, n'étaient qu'un coup de bluff. Près de 700 personnes, en effet, ont pris part à cette marche, dont la majorité écrasante issue de la communauté estudiantine de l'université Mouloud Mammeri. C'est à 10h 30 que les marcheurs ont entamé leur action depuis l'université de Hasnaoua, suivant l'itinéraire habituel qu'est la rue Lamali dite de «l'hôpital», brandissant des drapeaux du MAK et des photos de martyrs du printemps noir, mais aussi des slogans hostiles au pouvoir en place. «Y en marre de ce pouvoir», «Pouvoir assassin», «Pour l'autonomie de la Kabylie», «Assa azekka GPK Yella Yella» (aujourd'hui demain, le Gouvernement Provisoire pour la Kabylie demeurera), scandaient les marcheurs. Ces derniers ont observé deux haltes devant l'hôpital Mohamed Nedir et «la place des martyrs du printemps noir 2001», suivies d'une minute de silence, avant de continuer vers l'ancienne mairie. Sur place, Ferhat Mehenni, depuis Washington (USA) a déclaré dans un appel téléphonique que «la question du peuple kabyle est transmise un peu partout dans le monde». Tout en saluant ses militants en cette date commémorative, le leader du MAK s'est dit «optimiste qu'il viendra le jour où nous fêterons notre autonomie». Par ailleurs, le parti de Saïd Sadi, au nom de la coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD), a organisé une autre marche suivant le même itinéraire que celui du MAK, jusqu'à la place des martyrs, d'où il s'est dirigé vers le siège de la wilaya. Cependant, «la poignée» d'étudiants militants et élus locaux, estimés à deux centaines de personnes, a montré une fois de plus que le RCD n'est plus en mesure de mobiliser les citoyens de Tizi Ouzou. Il était même difficile de savoir si cette marche était pour le changement du système ou bien pour commémorer le 20 avril ! C'est l'anarchie totale. Comme d'habitude, les marcheurs s'en sont pris à Ould Ali El Hadi en arrivant devant la maison de la culture Mouloud Mammeri, alors que ce responsable a bien donné la leçon cette année avec «la semaine de l'amazighité». Un programme d'une totale réussite, qui a été salué par plusieurs figures de la cause amazigh, à l'instar de Saïd Chemakh, Abdennour Abdeslam et Mohand Ouamer Oussalem. Ils ont tenu à marquer leur présence avec des conférences débats, non pas en participant à des manœuvres politiciennes du RCD ou du MAK. Ainsi, les traditionnels partis politiques implantés en Kabylie que sont le FFS et le RCD, ainsi que le MAK (non reconnu et non agréé), ont donné la preuve que la mobilisation citoyenne par des slogans tout en restant derrière ne suit plus.