Comment avez-vous rencontré Makhloufi ? J'ai connu Taoufik lors d'un stage en juillet 2013 à Font Romeu. On a l'habitude de nous préparer là-bas avec les équipes de France. La rencontre s'est faite par hasard. Lui et Mahieddine Mekhissi (international français) s'entendent bien. Qu'est-ce qui vous a motivé à travailler avec lui ? L'entraînement de demi-fond est difficile. Il y avait un intérêt pour Taoufik et Mahiedine à travailler ensemble. Malheureusement, cela n'a pas été possible cette année, car Mahiedine s'est blessé. L'objectif était qu'ils se retrouvent pour se servir des qualités de chacun et de progresser vers le top niveau. Ils ont une culture commune et c'est intéressant. Vous intervenez en complément de son coach algérien. Qu'essayez-vous de lui apporter ? J'ai beaucoup de respect pour Ali Rejimi. Il connaît Taoufik depuis tout jeune. Ce n'est pas un hasard s'il a réussi à faire 3'30 avec lui. La transition s'est faite progressivement. La relation doit être durable. On se fait confiance totalement. Je fais les programmes d'entraînement. Il a battu le record d'Algérie de Morceli à Nancy (2'13''08). Au-delà du record, quel était l'objectif de courir un 1000 m ? Cette course a été une bonne transition pour faire le 1500 m de Saint-Denis. Il a le profil pour le 800 m-1500 m. Il n'avait pas eu l'occasion de faire un bon 800 m jusqu'à présent. L'objectif de battre le record était bon et important pour sa confiance. A Saint-Denis, il a fini 4e d'une course qu'il a menée. Quelle analyse faites-vous de son premier 1500 m de la saison ? Elle est très positive. Contrairement à ce que peuvent penser certains. Trois jours après la course de Nancy, le pari était osé par rapport à la récupération. On a réussi à faire 3'30''50. Les lièvres n'ont pas été rapides comme ils devaient l'être. Il a pris la course à son compte dans l'euphorie de son 1000 m nancéen. Il a assumé. C'est très fort de sa part. S'il avait couru pour gagner, cela aurait été différent. D'après vous, sur quelle distance est-il le plus performant ? Il a été champion olympique à Londres sur 1500 m. Il a, par ailleurs, fait ses preuves sur le 800 m. Il a été tout près de battre Amos ou Rudisha. Je pense qu'il a plus de réserves sur le 1500 m. A-t-il les moyens de gagner le titre mondial ou de redevenir champion olympique ? C'est l'espoir qu'on a. Taoufik est très cartésien et essaie de ressentir les choses. Il m'a posé la question en avril sur les pourcentages de réussite. Je lui ai dit que cela dépendait de l'investissement sur les trois-quatre mois avant le championnat du monde. Et qu'il fallait finir par une bonne préparation terminale. Sur la période hivernale, il manquait un peu de structuration. Sur ce qu'il a montré en ce début de saison, il a les armes pour aller chercher une médaille. Quant aux JO, il a besoin de faire une saison entière sans problème de santé. Cela n'a pas été le cas ces dernières années. Il a besoin de confiance et de sérénité pour faire une saison pleine. C'est un grand champion. L'objectif sera d'aller chercher l'or.