Depuis au moins une dizaine d'années, l'ADE de Bouzeguène enregistre un déficit énorme en matière de recouvrement des créances. Coincée entre les piquages illicites, les vols, les détournements d'eau et le non-paiement des factures de consommation, l'ADE éprouve aujourd'hui les pires difficultés à assurer ses prestations, en raison d'un manque à gagner qui se chiffre à plusieurs milliards de centimes. Ce n'est pas peu, puisque pas moins de quatorze villages qui sont raccordés à la source de montagne d'Aderdar ne paient pas leurs factures d'eau, trois autres villages ne sont pas reliés au réseau AEP de la commune, puisqu'ils disposent de leurs propres sources, il ne restera alors que six qui honorent leurs factures, soit un taux de recouvrement n'excédant pas les 30% des créances globales. Ce non-paiement a pour origine les longues et récurrentes pénuries d'eau qui ont caractérisé la commune de Bouzeguène. Beaucoup de citoyens refusent de payer, considérant qu'aucune goutte n'a coulé de leurs robinets durant la saison estivale. Certain villages sont allés plus loin, en démontant carrément leurs compteurs, qu'ils ont par la suite déposés au niveau de l'ADE. L'été dernier, l'eau n'avait pas manqué, mais les factures sont restées impayées. Ce refus des villageois de payer les factures tout au long de l'année devait être suivi par la coupure de l'alimentation en eau. Cependant, la décision de priver d'eau les mauvais payeurs est difficilement applicable, surtout quand la décision du non- paiement est prise unanimement à travers plusieurs villages. L'ADE de Bouzeguène souffre d'une situation pour le moins intenable. Le manque d'argent, l'insuffisance de personnel et l'impossibilité de recruter plombent toute initiative d'améliorer les prestations. Il est loin le temps où l'Etat accordait des fonds de fonctionnement. Rachid Tebiche, responsable de l'Algérienne des eaux de la localité ne cessait, chaque fois, de répéter : «Nous sommes tributaires de notre clientèle, de nos compétences et de nos performances.» Mais à l'agence ADE, les recettes manquent. Le territoire de la daïra de Bouzeguène est immense, mais le nombre de surveillants du réseau est insuffisant. Ils partent rarement en congé, parce qu'il n'y a pas de remplaçants. Ils font des kilomètres à pied, chaque jour, surtout la nuit, pour ouvrir ou fermer des vannes, vérifier le remplissage du réservoir. La commune de Bouzeguène compte 24 villages et l'agence ADE locale couvre également les communes d'Aït Zkki et d'Illoula Oumalou, soit une population de près de 50 000 habitants. L'ADE tente, malgré tout, d'assurer quotidiennement le service et la maintenance malgré le manque de moyens tant financiers qu'humains.