Tel est le constat de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sur la situation des ressources en eau en Afrique du Nord, dont l'Algérie, notamment en ce qui concerne le secteur agricole, à l'occasion de la présentation — lors de la conférence annuelle de la Semaine mondiale de l'eau à Stockholm, en Suède (23-28 août) — de son nouveau projet de portail de données permettant aux pays pauvres en eau d'utiliser les images par satellite afin d'améliorer leur gestion de leurs ressources hydriques. Selon l'organisation onusienne, cette situation «est appelée à s'aggraver car le changement climatique entraîne des sécheresses plus fréquentes et plus longues avec de graves répercussions sur la production alimentaire». C'est pourquoi la FAO compte mettre en place, en collaboration avec les autorités des pays concernés, un système agricole durable. «Dans les régions pauvres en eau, les rapports sur la productivité de l'eau font défaut, mais les données que l'on obtiendra seront déterminantes pour la mise en place de systèmes agricoles durables dans les zones à ressources limitées», a indiqué le coordinateur du projet en question au sein de la division terre et eau de la FAO. Le projet en question est destiné à tous les utilisateurs qui en auront besoin et a pour but de «collecter et analyser les informations par satellite et de les mettre au service d'une meilleure productivité des terres et de l'eau et du développement des systèmes agricoles». Cette imagerie donne accès quasiment en temps réel à des données sur l'utilisation des ressources naturelles pour la production alimentaire et la croissance des plantes. Un million d'hectares à irriguer Au final, le soutien technique de la FAO aidera les pays dans le suivi de la productivité des terres et de l'eau. Il permettra l'identification des lacunes en matière de productivité et proposera des solutions pour réduire les écarts de productivité tout en contribuant à l'augmentation durable de la production agricole. Il faut dire, à ce propos, que la raréfaction de la ressource et la concurrence pour l'eau représentent des menaces majeures pour la sécurité alimentaire. En Algérie, les pouvoirs publics projettent de doubler les surfaces agricoles irriguées en petite et moyenne hydraulique, qui ne couvraient en 2000 que 300 000 ha, et ce, par l'aménagement d'un million d'hectares irrigués entre 2015 et 2020, dont près de 500 000 ha en grands périmètres irrigués, 280 000 ha en petite et moyenne hydraulique pour le nord du pays et 220 000 ha pour les régions sahariennes. Le secteur agricole est considéré comme le domaine le plus consommateur d'eau avec 65% des ressources hydrauliques, alors que les superficies irriguées n'occupaient que 5 à 7% des superficies cultivées (7,8 millions d'hectares en 2011). Il n'en demeure pas moins que ce programme d'un million d'hectares irrigués supplémentaires risque de ne pas se réaliser en raison d'un manque crucial d'eau, puisque le volume disponible est inférieur à 200 millions de mmètres cubes pour des besoins évalués à 500 millions de mètres cubes à raison de 5000 m3/ha. De plus, les organismes de gestion des ressources en eau traversent des difficultés financières et les tarifs actuels de l'eau ne couvrent que la moitié des charges d'exploitation. Le manque d'entretien des réseaux d'irrigation et d'alimentation en eau se traduisent par des pertes élevées et par la dégradation des infrastructures. Il y a quelques années, un des constats alarmants du Plan national d'action pour l'environnement et le développement durable relevait l'état d'envasement grave des barrages et un niveau de perte des eaux destinées à l'irrigation de l'ordre de 50%.