Des dépenses qui n'en finissent pas. Que les enfants soient scolarisés (tous paliers confondus) ou placés dans des jardins d'enfants, leur prise en charge coûte cher, que ce soit à l'Etat (entre 220 et 270 millions de centimes par an et par enfant) ou aux parents. Elle est de plus en plus chère et difficile à supporter par les bourses moyennes et les familles à bas revenus. Ce ne sont pas uniquement les fournitures (avec la multitude de marques proposées sur le marché), les manuels scolaires et les livres parascolaires qui alourdissent la charge des parents. Mais bien d'autres points interviennent dans le calcul du budget de la scolarisation d'un enfant. L'arrivée des écoles privées, des lycées internationaux, l'émergence des cours supplémentaires (avec un prix moyen de 1200 DA par mois et par matière) et la généralisation des maternelles ont apporté beaucoup de changements et ont engendré en parallèle d'importantes dépenses. Les parents parlent d'ailleurs aujourd'hui d'investissement scolaire, alors qu'il y a quelques années il suffisait d'inscrire son enfant à l'école et suivre son évolution tout au long de son cursus sans être dans l'obligation de débourser d'importantes sommes. Les dépenses se limitaient à l'achat des affaires scolaires. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les frais se sont multipliés de façon exponentielle. Dans les deux cas (enseignement privé et public), la situation semble difficile à gérer pour de nombreux parents. Le problème majeur auquel font face les parents (notamment dans le cas où les deux parents travaillent) est la garde des enfants durant les pauses (entre les cours du matin et ceux de l'après-midi, ainsi que les mardis après-midi). Devant l'incapacité du ministère de l'Education à répondre à la demande des familles pour cette prise en charge supplémentaire faute de moyens humains, les parents ont recours à d'autres canaux. Il y a d'abord les nourrices moyennant une somme oscillant entre 3000 et 8000 DA par mois (les tarifs varient d'une wilaya à une autre et d'un quartier à un autre). Il y a en parallèle les écoles et les maternelles privées qui proposent cette prise en charge aux parents pour les mêmes prix, alors que ce n'est pas une de leurs prérogatives. Les textes de loi régissant les écoles privées ne sont pas clairs à cet effet. Au niveau du département de Benghebrit, on parle de vide juridique concernant cette question. Le problème se pose surtout pour les élèves des écoles primaires. «Je sais que ce n'est pas légal, mais je n'ai pas le choix, j'ai dû recourir à cette solution pour faire garder ma fille entre 11h15 et 13h. Elle est récupérée quotidiennement par le gardien de la maternelle, prend son déjeuner et repart à l'école à 13h», nous raconte une maman qui paye mensuellement 6000 DA pour cette prestation. Préscolaire : Faible investissement public Pour cette année, les tarifs ont augmenté. Interrogée à cet effet, une directrice d'un jardin d'enfants nous dira : «Certaines écoles le font, mais ce n'est pas le cas chez nous. Nous l'avons fait une ou deux fois pour rendre service à des parents dont les enfants en bas âge sont déjà inscrits chez nous», reconnaîtra-t-elle. Il faut dire aussi que les communes n'interviennent pas dans ce cadre. Elles sont d'ailleurs nombreuses les APC à ne pas généraliser les cantines dans le cycle primaire. Les difficultés financières sont toujours mises en avant pour expliquer ces manquements. En somme, le désengagement de l'Etat a ouvert grande la voie aux pratiques informelles mais aussi à «l'affairisme», pour reprendre l'expression d'un père de famille dans un secteur aussi sensible que l'éducation. Au niveau des centres d'accueil de la petite enfance, les exigences ne manquent pas aussi. Elles sont d'ailleurs source de frais supplémentaires pour les parents. Devant le manque de structures publiques pour l'accueil des enfants en bas âge, les parents se rabattent sur le privé qui ne présente pas uniquement des avantages. Il faut dire en effet que l'investissement public de l'éducation du préscolaire reste faible. Il est limité à certaines communes et à quelques entreprises publiques. Ce qui laisse la porte ouvertes au privé dont les capacités d'accueil demeurent insuffisantes face à la demande. Ce qui pousse aussi les parents à fermer les yeux face à certains dépassements. Rencontrée au niveau d'une librairie, une enseignante à l'Université des sciences et technologies Houari Boumediene (USTHB) nous le dit clairement : «Je sais que les pratiques des écoles privées et des maternelles sont exagérées, mais je n'ai pas le choix. Je n'ai pas où mettre mes enfants. L'école privée nous garantit des prestations qui font défaut dans le public.» Un témoignage qui rappelle le travail qui reste à faire pour renforcer le contrôle (impôts, commerce, santé…) dans ce secteur, assurer la prise en charge de la petite enfance et améliorer les conditions d'accueil des élèves dans le public en dehors de l'aspect pédagogique. A ce niveau, le débat est tout autre. Car, concernant le niveau de la prestation pédagogique, il y a beaucoup à dire, toujours selon les parents.