En dépit de l'abondance de la nourriture et les pâturages couverts d'herbe en cette période automnale, les prix demeurent inaccessibles. «Tant qu'il y a des pâturages, on débourse moins, on n'est pas contraints de vendre toutes nos bêtes ; du coup la demande dépassera l'offre, chose qui fera grimper les prix», a révélé un maquignon de la région de Chéria. Ainsi, les dernières précipitations ont fait flamber les prix du mouton de l'aïd. Le sacrifice semble hors de portée du simple salarié pour cette année. Samedi dernier au marché hebdomadaire à bestiaux de Chéria, à 45 km de Tébessa, l'un des plus grands marchés de la wilaya, les prix étaient à couper le souffle, pour les visiteurs venus seulement pour prospecter. «A une dizaine de jours de l'Aïd, le mouton est très cher. Il va falloir attendre la veille de l'Aïd pour en acheter», a déclaré Djamel, père de famille. Un agneau d'une quinzaine de kilos, qui coutait l'année dernière 30 000 DA, a été cédé à 70 000 DA. Pour le bélier, les prix sont intouchables. Ils varient entre 100 000 et 130 000 DA. Cette hausse est due d'une part à la cherté des aliments pour bétails pour les éleveurs qui engraissent leurs ovins destinés à la vente, et d'autre part aux spéculateurs qui, comme à l'accoutumée, profitent de cette occasion pour s'enrichir. «Au mois de mai dernier, j'ai acheté une dizaine de petits agneaux à raison de 10 000 DA chacun, je les ai engraissés durant 3 mois dans un garage. Ce matin, je suis parvenu à vendre trois agneaux à plus de 50 000 DA la tête à un autre revendeur qui sans doute les vendra à plus de 55 000 DA», nous a déclaré Ali, taxieur de son état. Pour le pauvre citoyen, il reste à espérer une possible accalmie la veille de l'Aid, mais cela relève des tempéraments des maquignons et autres spéculateurs.