Algérie. A la recherche de son tourisme(1), tel est le titre de l'ouvrage publié récemment par Mourad Kezzar. Ouvrage à travers lequel l'auteur met en lumière l'effilochement d'un secteur porteur, à savoir le tourisme. Ainsi, il relève le fossé existant entre le discours officiel sur le tourisme et la réalité du terrain. Et cela, tout en comparant avec les expériences tunisienne et marocaine, deux pays voisins qui ont su tirer profit de ce créneau auquel ils donnent une grande importance. Comme il émet des solutions à même de relancer cette activité. Pour schématiser et, à titre d'exemple, illustrer la situation actuelle du secteur touristique algérien, le volet hôtellerie. En effet, il est comptabilisé 10 hôtels classés 5 étoiles, 22 classés 4 étoiles et 67 classés 4 étoiles. Cependant, constate l'auteur, « ce classement est lui-même sujet à discussion car le nombre des étoiles arborées reflète rarement le niveau de la qualité des aménagements et des prestations (…). Cette classification dépendait de l'humeur des politiques de l'époque, certes, mais aussi de certains critères qui n'ont rien à voir avec la profession. A titre d'exemple, un hôtel urbain de plus de 100 chambres était souvent classé 4 étoiles même s'il n'a ni parking, ni groupe électrogène, encore moins de piscine (p.22) ». L'augmentation des prix du pétrole dans les années 2000 « a tiré vers le haut la demande sur l'hôtellerie, pour ne pas dire sur le tourisme d'affaires. Le schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT) tracé par les pouvoirs publics prévoit la construction de 280 nouveaux hôtels répondant aux normes internationales afin de résorber le déficit et de créer les conditions d'émergence d'un marché concurrentiel. En attendant, les touristes étrangers, à l'instar des nationaux, doivent se contenter de l'offre disponible. Heureusement, pour le moment, ce qui attire les touristes vers Algérie, c'est autre chose que la qualité de son produit hard (p.42) ». Concernant l'artisanat, il est relevé qu'aujourd'hui, 20 ans après les discours sur l'obligation de promouvoir l'artisanat et sur la grande richesse de ce patrimoine capable de devenir un facteur de développement touristique, c'est l'échec de toute cette approche qui est étalée sur le terrain, à ciel ouvert… « Aux bords des importantes routes, des vendeurs d'artisanat exposent leurs produits dont plus de 80% proviennent de chez nos voisins tunisiens (p.48) ». En 2008, il est rappelé que 500 000 étrangers ont visité l'Algérie. Néanmoins, dans ce chiffre est comptabilisée « une grande partie d'immigrés algériens portant la nationalité française. Il faut aussi corriger ce chiffre des masses d'étrangers employés dans les hydrocarbures, au sud du pays. A ce dernier, il faut ajouter l'importante main-d'œuvre asiatique qui travaille dans le bâtiment et le commerce des effets vestimentaires (p.111) ». Dans cette logique, le nombre de touristes étrangers ayant visité l'Algérie est de 10 000. En parallèle, plus d'un million d'Algériens ont passé leurs vacances à l'étranger, notamment en Tunisie, au Maroc, en Egypte et en Turquie. De ce fait, pour chaque touriste qui entre en Algérie, 100 Algériens et « non des demandeurs d'emploi ou des harraga, en sortent (…). Pour chaque euro ramené par un touriste étranger, le touriste algérien fait sortir du pays 100 euros (p.111) ». (1) Mourad Kezzar. Algérie. A la recherche de son tourisme. Editions SAEC - Liberté (2009) 149 pages.