Le général à la retraite Khaled Nezzar se dit peiné par les insultes égyptiennes qui ont suivi la défaite des Pharaons le 18 novembre 2009 à Khartoum face à la sélection algérienne de football dans le match qualificatif à la Coupe du monde. « Je n'aurai jamais pensé qu'ils pouvaient atteindre cette bassesse. Ils ont insulté nos martyrs et brûlé notre drapeau. Ils ont dépassé les limites », a-t-il déclaré hier, lors de la présentation à la presse de son témoignage, Sur le front égyptien, la 2e brigade portée algérienne 1968-1969, préfacé par Ahmed Benbitour et paru aux éditions Alpha. S'exprimant au siège de son éditeur à la Safex (Alger), il a ajouté : « Ce livre était prêt avant le match, mais j'ai décidé de le publier et d'insérer ce que je ne voulais pas écrire après ces réactions. Je n'accepte pas qu'on s'attaque à nos chouhada », a-t-il dit. Selon lui, l'Egypte est en déclin. « C'est un pays qui vit toujours comme à l'époque des Pharaons. Dix millions d'Egyptiens vivent dans l'opulence et la majorité du peuple ne possède rien », a-t-il soutenu. M. Nezzar a regretté que les musées militaires égyptiens ne fassent aucune référence à la participation de l'armée algérienne à la guerre des Six Jours, en 1967, et à celle d'Octobre 1973. « 20 000 hommes algériens ont séjourné pendant 8 ans en terre égyptienne. L'Algérie a cédé aux forces égyptiennes des escadrons d'avions Mig 17, Mig 21 et Illiouchine 28 ainsi que des chars de combat T54 et Su 100. On ne peut pas gommer tout cela », a-t-il précisé. Il a rappelé qu'en 1970, il avait accompagné au Caire le colonel Mohamed Salah Yahiaoui pour remettre du matériel de guerre à titre gracieux : « 150 véhicules blindés, 100 chars de combat et 60 avions. » En 1968, Khaled Nezzar avait commandé une brigade d'infanterie portée ; les deux autres brigades étaient dirigées par Abdelkader Abdellaoui et Mohamed Allahoum, alors que le groupement de forces était sous le commandement de Abderrezak Bouhara. K. Nezzar est revenu longuement, pendant la conférence, sur l'appui de l'Algérie à l'Egypte lors de ces deux guerres. « Je n'ai jamais dit que le soldat égyptien était lâche, mais je sais qu'il était mal formé. Et puis, il était évident qu'il y avait une rupture entre les hommes de troupe et le commandement », a-t-il noté. L'après-match du Soudan Si l'Egypte est en déclin, l'Algérie est-elle en mesure de s'imposer en leader dans le monde arabe ? « Je ne sais pas. Il y a des décideurs. Ana khatini. Mais nous avons beaucoup de choses à faire chez nous que d'aller ailleurs. Certains disent que je n'ai pas de tendances arabo-musulmanes. Moi je dis que j'ai des tendances algériennes, cela me suffit. Car je sais que l'Algérie est arabe et que je ne suis pas un mécréant », a-t-il répondu, précisant être hostile aux thèses qui remettent en cause l'appartenance arabe de l'Algérie. Selon lui, la dynamique d'après-match du Soudan n'a pas été suffisamment mise à profit pour redonner espoir aux jeunes. « Le nationalisme des Algériens est intact. Il faut reconnaître que le président de la République a permis à des milliers de jeunes de se rendre au Soudan. On aurait pu suivre ce geste par des décisions pour lutter contre le chômage et pour plus de liberté », a noté l'ancien ministre de la Défense. Interrogé sur son retrait de la vie politique, il a estimé avoir déjà dit beaucoup de choses. « Je ne peux dire qu'Allah Ghaleb. Il y a eu les événements de 1992, j'étais obligé de m'impliquer malgré moi dans la politique. Je me suis retiré après car je ne suis pas fait pour cela. Ce qui m'a gêné le plus est la plongée du pays dans la violence et dans l'inconnu », a-t-il déclaré. M. Nezzar se dit surpris par un article publié récemment dans le Quotidien d'Oran sur le décès du général Mostefa Benloucif. « Les gens continuent à dire n'importe quoi. Mais ces personnes savent bien que je ne vais pas me taire. Il se trouve que je connais des choses », a-t-il noté. Dans l'article en question, il est rapporté que Khaled Nezzar n'aurait pas admis que le général Liamine Zeroual, alors président de la République, libère Mostefa Benloucif de la prison de Blida pour raison de santé. « Nezzar a réussi à s'imposer pour retirer le malade et le remettre à la prison de Blida en lui faisant porter encore une fois la tenue de bagnard », y est-il écrit. « Notre politique est politicarde. Je comprend les sous-entendus de certains quand ils parlent », a déclaré l'ex-chef d'état-major de l'armée, sans autre précision. Lazhar Labter, un des responsables des éditions Alpha, a annoncé que le livre sera disponible dans les librairies dès aujourd'hui et qu'une vente-dédicace sera organisée ultérieurement avec l'auteur.