A Bouira-ville, au quartier Ecotec, la tendance est à la transformation des garages et autres locaux conçus initialement au commerce, en locaux d'habitation. Entre le discours ambiant et la réalité, le fossé semble très profond. Les professions de foi des responsables, allant dans le sens de la résorption de l'habitat précaire résonnent comme dans un vase clos, et les pauvres citoyens à la recherche d'un toit n'ont qu'à prendre leur mal en patience comme ultime solution à leur mal vivre. En effet, les chiffres avancés ici et là, démontrant la volonté des pouvoirs publics à mettre un terme à l'habitat précaire, ne sont en final, que des promesses qui ne connaissent pas du tout d'aboutissement. Il en témoigne, ne serait-ce qu'en partie, les centaines de citoyens ayant reçu des promesses de relogement de la bouche même de ces responsables, mais sans suite depuis déjà plusieurs mois. A Bouira où ces cas sont légion, nous étions tentés d'aller à la rencontre de ces habitants en sursis. Un peu partout dans les différentes régions de la wilaya, le constat est plus qu'édifiant. Il démontre l'échec d'une stratégie jusque-là voulue comme un cheval de bataille pour justifier les carences de gestion jusque-là consommées. Le problème, par ici, ne se pose pas en terme de nombre de logements attribués ou à construire comme tentent bien de le démontrer les responsables chargés du secteur, mais plutôt en terme de commodité et de responsabilité engagée des pouvoirs publics en matière de protection de leurs administrés. A Bouira-ville, au quartier Ecotec plus précisément (un cas qui ne diffère pas d'autres quartiers de la même ville) la tendance est à la transformation des garages et autres locaux conçus initialement au commerce, en locaux d'habitation. La cherté du loyer au niveau de la ville pour toute autre habitation commode contraint des salariés et autres fonctionnaires à se loger dans ces réduits souvent assimilés à des trous à rats. S. Soumia, femme de ménage de son état, qui habite ce quartier, raconte son quotidien dans ce « garage » qui lui sert d'habitation avec sa famille. « Cela fait déjà plus de deux ans depuis que j'habite cette mansarde avec mes enfants de bas âge avec tout ce que vous imaginez en insalubrité et les conséquences que cela peut avoir sur les petits ». Notre interlocutrice qui déclare avoir loué à raison de 6000 DA /mois, ne cache pas sa déception de l'attitude peu regardante des pouvoirs publics quant aux conditions de vie des citoyens et plus particulièrement des enfants. Ses demandes répétées pour bénéficier d'un logement décent sont restées lettre morte depuis des années, témoigne-t-elle. Des cas similaires, il y en a partout. A Sour El Ghozlane, à Aïn Bessem mais aussi à M'Chedallah où des fonctionnaires sont hébergés à de telles enseignes. Le cas le plus probant, que nous citerons à titre illustratif, est celui de certains travailleurs du secteur de l'éducation, à l'image de M. Hamichi Daou, ayant, précédemment bénéficié du dispositif du PNPOS, mais qui par suite d'une décision administrative, ont été délogés de ces logements qu'ils occupèrent indûment après dix années d'attente alors que ces derniers ont été livrés. Le jour même de leur délogement, manu militari par la force publique (l'année dernière), le chef de daïra de l'époque leur a promis la prise en charge de leur problème dès lors qu'il était vérifié qu'ils ne disposaient d'aucune habitation. Depuis, ces pauvres gens, se sont rabattus sur des « garages » loués à Bouaklane à un prix de 6000 DA/mois, à la mesure de leurs salaires minables. Ceux-là ont accepté de vivre dans ces conditions dégradantes tout en gardant l'espoir de se voir, un jour, relogés. Rien n'arrive. La précarité perdure et le poids de la misère et de la dégradation de leurs conditions de vie ne manque pas d'en rajouter un nouveau tas de problèmes inhérents à la dégradation de la santé de leurs enfants. Ces derniers, qui ne savent plus à quel saint se vouer, dès lors qu'ils ont perdu toute confiance en les responsables, lancent un cri d'alarme aux hautes autorités du pays qu'ils interpellent sur leur avenir et celui de leur progéniture. « C'est une situation grave qui interpelle les consciences, car c'est là une défaillance des pouvoirs publics en matière de respect de la vie humaine et des droits de l'homme », nous diront les concernés. C'est dire que la question de l'habitat est loin d'être cernée dans les seules statistiques, souvent erronées, galvaudées par les responsables compétents. Ça pose plutôt une autre problématique en relation avec le respect des droits de la personne humaine, dont la plupart des conventions internationales ont été ratifiées par l'Algérie.