La conférence internationale de Londres qui doit se pencher aujourd'hui sur la guerre en Afghanistan sera une nouvelle « perte de temps », ont estimé hier les talibans dans un communiqué, répétant qu'ils ne négocieront pas avant le retrait des forces internationales. « Il y a eu des conférences semblables par le passé, aucune n'a résolu les problèmes de l'Afghanistan, ce sera la même chose pour celle de Londres », lit-on dans le communiqué du Conseil du commandement des talibans. « La conférence de Londres a, en fait, pour objectif d'étendre l'invasion de l'Afghanistan par les forces d'occupation, c'est juste une perte de temps », poursuit le communiqué. « L'émirat islamique de l'Afghanistan considère que la seule solution aux problèmes de l'Afghanistan est le départ immédiat de toutes les troupes d'occupation », conclut le texte. Le président Hamid Karzaï, qui avait déjà à maintes reprises offert aux insurgés islamistes de négocier un accord de paix, offrant même à leurs chefs des postes ministériels, a annoncé qu'il présenterait à Londres un « plan de réconciliation », assurant qu'il recevrait le soutien des pays qui ont déployé des troupes au sein de la coalition internationale. Son plan propose aux talibans qui accepteraient de déposer les armes de l'argent et du travail afin de faciliter leur réinsertion. Mais à diverses reprises, le commandement taliban, fort de l'intensification et de l'expansion évidente de l'insurrection ces trois dernières années, a répété qu'il n'était pas question de négocier tant que les quelque 113 000 soldats des forces internationales, dont deux tiers américains, n'ont pas quitté le pays. Réconciliation et fitna Le président américain Barack Obama a annoncé en décembre l'envoi de 30 000 soldats en renfort d'ici à l'été 2010, qui devraient être rejoints par près de 10 000 autres militaires des pays de l'Otan. A l'exception des talibans, tous les acteurs du conflit, qui entre dans sa neuvième année, doivent se réunir jeudi à Londres pour fixer les objectifs à long terme, en particulier le transfert du maintien de la sécurité aux forces afghanes et la question de la réconciliation avec les insurgés. Une soixantaine de pays seront présents, qu'ils soient contributeurs de troupes ou simples voisins de l'Afghanistan. Selon un projet de communiqué publié lundi dans le quotidien britannique The Times, Kaboul s'engagera à « prendre en charge et mener la majorité des opérations dans les régions à risque dans les trois ans » et à assumer directement la responsabilité de la sécurité « d'ici à cinq ans ». Aucun calendrier de retrait des alliés ne sera fourni, mais de « nouveaux chiffres » seront annoncés concernant un renforcement de l'armée et de la police afghanes, a indiqué lundi le Premier ministre Gordon Brown. Les 113 000 soldats étrangers stationnés en Afghanistan ont essuyé en 2009 des pertes records (520 morts).